Birmanie: lueurs d'espoir pour la paix
Une conférence de paix entre le gouvernement birman et des groupes ethniques séparatistes se tient du 11 au 16 juillet 2018 à Naypyidaw, la capitale. Ces pourparlers «historiques» font espérer la fin d’un conflit civil qui a fait plus de 500’000 victimes depuis 70 ans.
Est-ce l’effet de la visite du pape François, qui avait appelé à la réconciliation nationale lors de sa venue en Birmanie en novembre 2017? Une volonté des parties en conflit de se rencontrer et de parvenir à un cessez-le-feu s’est en tout cas récemment faite jour dans le pays.
Lors de la conférence de paix qui se tient actuellement dans la capitale birmane, les quelque 700 participants se voient demander de raviver l’esprit de l’accord historique de Panglong (1947), qui assurait l’autodétermination des diverses minorités ethniques. Un texte jamais respecté. La rencontre fait suite aux discussions déjà entamées en 2016 et 2017.
Importante participation Kachin
Le Birmanie subit en effet, depuis l’indépendance du pays en 1948, un conflit armé de basse intensité. Les gouvernements centraux successifs ont combattu contre une myriade de rébellions séparatistes et communistes. Les premières insurrections contre l’État birman sont celles du Parti communiste birman et celle de l’Union nationale karen (KNU), qui lutte pour l’indépendance d’un État karen dans le sud de la Birmanie. D’autres rébellions ethniques ont éclaté au début des années 1960 après que le gouvernement central eut refusé d’envisager un État fédéré.
L’Armée pour l’indépendance Kachin (KIA), composée en grande partie de chrétiens du nord de la Birmanie, était il y a encore trois mois engagée dans de violents combats contre l’armée birmane. Cette dernière avait notamment utilisé son artillerie lourde et ses avions de chasse. La participation de la KIA à la conférence de Naypyidaw, constitue ainsi un pas important dans la recherche d’une solution.
Sept groupes ethniques armés, connus comme l’Alliance du Nord (Northern Alliance) et dirigés par l’Armée unifiée de l’État Wa (USWA – United Wa State Army), n’ont pas encore signé l’accord national de cessez-le-feu, mais participent à la rencontre avec le soutien des Chinois. Les représentants des dix groupes armés qui ont déjà signé l’accord sont également présents.
Encore beaucoup d’obstacles
Il reste cependant encore beaucoup d’obstacles dans le chemin vers la paix. Khin Zaw Win, directeur du think tank Tampadipa Institute, basé à Rangoun, estime que le manque de discussions concernant la création d’un système fédéral ne cadre pas avec la relance des principes de l’accord de Panglong. L’armée reste en effet convaincue qu’un processus d’autodétermination risquerait de diviser le pays.
L’Eglise travaille pour la paix
Début juillet 2018, Mgr Francis Daw Tang, évêque de Myityina dans l’État Kachin, avait appelé les autorités à mettre fin aux combats entre l’armée birmane et les indépendantistes. Il a notamment demandé à l’armée de ne pas renforcer ses troupes dans les régions peuplées par les minorités ethniques.
En janvier 2018, quatre évêques de l’État Kachin avaient rencontré le chef militaire birman Aung Hlaing, afin d’évoquer les perspectives de paix pour le nord du pays. Malgré cela, les militaires birmans avaient intensifié, début avril, les opérations offensives au Kachin, provoquant la fuite de plus de 7’000 personnes. Les combats entre l’Etat central et les Kachins avaient repris en 2011 après un cessez-le-feu de dix-sept ans. Depuis, plus de 120’000 personnes ont trouvé refuge dans les 179 camps installés pour les personnes déplacées. La plupart des 1,7 million d’habitants du Kachin sont chrétiens, dont 116’000 catholiques. (cath.ch/eda/ag/arch/rz)