Birmanie: les évêques demandent la libération d'Aung San Suu Kyi
Les évêques catholiques de Birmanie et le Conseil des Eglises du Myanmar ont demandé, le 9 février 2021, la libération immédiate d’ Aung San Suu Kyi et des autres dirigeants civils arrêtés lors du coup d’État du 1er février. Les responsables chrétiens appellent également à l’aide la communauté internationale.
La communauté catholique en Birmanie hausse finalement le ton face à l’armée, qui a opéré, le 1er février 2021, un coup d’État. Les militaires ont brusquement mis fin à une parenthèse démocratique d’une décennie, en arrêtant les principaux dirigeants du gouvernement civil, dont la Conseillère d’État et prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi.
Appel à la communauté internationale
Dans un premier temps, Mgr John Saw Yaw Han, évêque auxiliaire de Rangoun, avait réagi en appelant à prier pour la Birmanie et en exhortant prêtres et religieux «à la vigilance». Une première réaction «prudente», suivie donc, le 9 février, d’une déclaration claire des évêques et des dirigeants chrétiens en faveur de la démocratie. La Conférence épiscopale birmane (CBCM) et le Conseil des Églises du Myanmar, qui regroupe des Eglises protestantes, ont publié un communiqué commun appelant l’armée birmane à agir pacifiquement et à libérer immédiatement Aung San Suu Kyi et les autres dirigeants civils. Le texte, relayé par les agences de presse catholiques UcaNews et Eglises d’Asie (EdA), invite également les chrétiens à prier et à jeûner pour la paix, la justice et le développement dans le pays. La CBCM et le Conseil des Églises du Myanmar demandent en outre d’éviter toute forme de violence et de discrimination, et appellent la communauté internationale à venir en aide au peuple birman.
Soutien aux manifestants
Les dirigeants chrétiens déclarent partager les mêmes sentiments que les manifestants, qui ont exprimé leur opposition à l’état d’urgence imposé dans le pays après les événements du 1er février. Des manifestations se poursuivent et s’intensifient dans tout le pays depuis le putsch. Le 9 février, plusieurs milliers d’habitants sont descendus dans les rues des grandes villes du pays, défiant les interdictions des rassemblements publics de plus de cinq personnes. À Naypyidaw, la capitale, la police aurait utilisé des canons à eau, du gaz lacrymogène et des balles réelle. Selon les médias locaux, une femme a été tuée et un autre manifestant hospitalisé. À Mandalay, la deuxième plus grande ville du pays, au moins 60 personnes ont été arrêtées par la police durant les manifestations.
Approche prudente
Face à cette violence, la CBCM a incité les catholiques à la prudence. Egalement le 9 février, la Conférence épiscopale a publié une directive selon laquelle les représentants catholiques pouvaient certes exprimer leur soutien aux citoyens birmans, mais sans utiliser des signes distinctifs de leur appartenance religieuse. Un mot d’ordre publié après la participation de prêtres, de religieuses et de séminaristes à une procession pacifique organisée par les catholiques locaux à Loikaw, au sud-est du Myanmar. Le 8 février, Mgr Marco Tin Win, archevêque de Mandalay, a également exprimé son soutien à la démocratie devant l’église locale, en compagnie d’autres prêtres. (cath.ch/eda/ucan/rz)