Birmanie: le cardinal Bo appelle au cessez-le-feu en raison du séisme
Sept personnes ont été tuées lors d’une frappe aérienne à Naungcho, dans le nord de l’État de Shan, moins de trois heures après le tremblement de terre qui a frappé la Birmanie et la Thaïlande vendredi 28 mars. Le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun, appelle à un cessez-le-feu pour faire face au séisme.
Malgré le séisme qui a fait vraisemblablement plusieurs milliers de morts, la junte militaire du Myanmar a continué à bombarder certaines régions de ce pays déchiré par la guerre.
Pour l’ONU, des attaques «totalement scandaleuses et inacceptables»
Les Nations unies ont qualifié ces attaques de «totalement scandaleuses et inacceptables». Tom Andrews, rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme au Myanmar, a déclaré à la BBC qu’il était «tout simplement incroyable» que l’armée continue à «larguer des bombes alors que vous essayez de sauver des gens» après le tremblement de terre. Des groupes rebelles qui luttent pour chasser les militaires du pouvoir ont signalé des bombardements aériens dans la commune de Chang-U, dans la région de Sagaing (nord-ouest), l’épicentre du tremblement de terre. Des frappes aériennes ont également été signalées dans des régions proches de la frontière thaïlandaise.
Dans une interview accordée à Vatican News, le cardinal Charles Maung Bo, président de la Conférence des évêques catholiques de Birmanie et archevêque de Rangoun, a lancé un appel pour venir en aide aux victimes du tremblement de terre de magnitude 7,7 qui a frappé la région de Mandalay, situé au nord du pays, mais aussi la Thaïlande voisine.
Pour un accès sans entrave aux populations touchées
Le cardinal Bo exprime sa gratitude pour le message de soutien envoyé par le pape François aux personnes touchées par la catastrophe, qui est «comme un baume apaisant de consolation pour notre peuple».
«J’ai lancé un appel à toutes les parties concernées pour qu’elles apportent d’urgence une aide humanitaire et un accès sans entrave aux populations touchées. J’ai lancé un appel sincère au cessez-le-feu à tous les groupes hostiles».
Selon les premières estimations de l’Institut d’études géologiques des États-Unis (USGS), près de 800’000 personnes se trouvaient dans la zone où les secousses ont été les plus violentes en Birmanie. Dans un télégramme publié le 28 mars, le pape François a exprimé sa proximité envers les populations birmane et thaïlandaise, frappées par un séisme dévastateur, alors que la Birmanie est déjà déchirée par la guerre et une crise de déplacement massif, avec plus de 3,5 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays et plus d’un tiers de sa population en besoin d’aide humanitaire urgente.
Plus que tout, notre peuple a besoin de paix
Le séisme s’est produit à 16 kilomètres au nord-ouest de la ville birmane de Sagaing vers 13h, heure locale, et a été suivi de près par quatre plus petites répliques d’une magnitude comprise entre 4,5 et 6,6. L’état d’urgence a été déclaré dans les six régions de Birmanie les plus affectées (Sagaing, Mandalay, Magway, le nord-est de l’État Shan, Naypyidaw et Bago) et les besoins humanitaires sont immenses.
Le cardinal rappelle que la Birmanie traverse une période torride depuis quatre ans. «Le tremblement de terre est survenu à un moment très triste pour notre peuple. Les régions touchées sont déjà affectées par des crises multidimensionnelles de conflit, d’effondrement de l’économie et de déplacements massifs». Il s’est dit profondément touché par les promesses de soutien de l’Église catholique partout dans le monde. «Les gens ont besoin de nourriture, d’abris, de médicaments et de tout le matériel nécessaire à la survie. Plus que tout, notre peuple a besoin de paix, et non de l’angoisse provoquée par la crise multidimensionnelle. J’ai lancé un appel à toutes les parties concernées pour qu’elles apportent d’urgence une aide humanitaire et qu’elles puissent accéder sans entrave aux populations touchées. J’ai lancé un appel sincère au cessez-le-feu à tous les groupes hostiles».
Au moins un cessez-le-feu
Le cardinal Bo constate que comme le pays est en proie à des guerres civiles, l’aide pourrait être entravée par les troubles causés par les groupes armés. «J’entends par là toutes les parties des deux côtés. Par conséquent, la réconciliation, le dialogue et la paix seraient la seule solution. Pour l’instant, le personnel de l’Église et les groupes religieux sont le meilleur moyen d’apporter de l’aide aux personnes dans le besoin».
«Le pays est en proie au désespoir. Les défis sont nombreux. Mais l’opportunité d’un autre monde est possible; une autre Birmanie est possible. Le peuple de Birmanie veut la paix. La paix dans la justice est le plus grand défi à relever. Par conséquent, le plus grand besoin est la paix, au moins un cessez-le-feu pour répondre aux besoins fondamentaux de tous nos concitoyens. Je lance un appel à tous ceux qui sont opposés les uns aux autres pour qu’ils se rassemblent et essuient les larmes de chacun ! (…) En fin de compte, seule une paix véritable fondée sur la justice résoudra nos problèmes. Tel est l’appel du pape François. Nous nous joignons à lui dans cet appel. Une Birmanie pacifique et juste peut nous aider à relever tous les défis!» (cath.ch/vaticannews/be)
