Pour Naïma Serroukh (photo), la rencontre est un moyen de prévenir la radicalisation (Photo: tasamouh.ch)
Suisse

Bienne: lutter contre la radicalisation par l'amour

Naïma Serroukh veut lutter contre la radicalisation islamique par le dialogue et la fraternité. Cette Marocaine d’origine, installée à Bienne depuis plus de vingt ans, est à l’origine d’un projet de sensibilisation baptisé Tasamouh.

Le projet, porté notamment par la communauté musulmane de Bienne, repose sur quatre piliers: prévention, consultation, médiation et formation. Des médiateurs culturels issus principalement de la communauté musulmane sont actuellement formés pour intervenir dans les écoles, les mosquées, les centres de jeunesse et auprès des familles. Le projet Tasamouh – un terme issu du coran qui signifie à la fois tolérance, réconciliation et pardon – vise à encourager le vivre ensemble sans renier les différences culturelles, sociales ou religieuses.

Musulmane et Suisse

«Depuis toujours, je suis engagée dans le dialogue interreligieux, explique Naïma Serroukh. Je suis à la fois Suisse et musulmane. Ma vie est donnée ici». Cette double fidélité, à sa foi musulmane et à son ancrage helvétique, lui permet de tisser des liens entre des mondes qui cohabitent sans vraiment se rencontrer. «Je porte à la fois des valeurs citoyennes et des valeurs issues de ma foi musulmane. Je me sens responsable des personnes que je rencontre. Mais ce sentiment-là est démodé de nos jours», regrette-t-elle.

Son projet, se fonde sur des valeurs sociales. «Il faut vivre la rencontre et pas seulement se contenter d’y voir un concept positif. Et écouter les gens, écouter leurs peurs, leurs blessures et leurs espérances. Les musulmans qui vivent en Suisse souffrent et leurs blessures peuvent se transformer en amertume ou en violence. Il faut faire une place à cette souffrance. Cette main tendue, c’est aussi une lutte concrète contre la radicalisation». La dialogue n’est pas unidirectionnel pour autant. «Nous travaillons à développer une prise de conscience des valeurs citoyennes et de la chance d’habiter dans ce pays», ajoute-t-elle.

Quid du réalisme d’un tel projet? «Voyez, on tente de supprimer Daech avec violence. Or, malheureusement, il faut reconnaître que cette violence fait grandir l’Etat islamique. Je crois que l’amour peut changer le monde», explique-t-elle, avec une simplicité désarmante. (cath.ch/pp)

Pour Naïma Serroukh (photo), la rencontre est un moyen de prévenir la radicalisation
24 novembre 2016 | 17:34
par Pierre Pistoletti
Temps de lecture : env. 1  min.
Bienne (30), Islam (393)
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