Les représentants des diverses Eglises lors du jubilé de la Réforme à Berne (photo Maurice Page)
Suisse

Berne: Les protestants célèbrent la Réforme avec les autres chrétiens

La Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) a célébré le 18 juin à Berne les 500 ans de la Réforme. Représentants des 26 Eglises membres de la FEPS et invités d’autres confessions ont médité et prié autour du thème «Où est ton trésor, là aussi sera ton coeur» selon l’injonction de l’évangile de Matthieu.

La collégiale St-Vincent domine la vieille-ville de Berne (photo Maurice Page)

Les travées de la collégiale saint Vincent de Berne avaient fait le plein pour cette célébration officielle des 500 ans de la Réforme dans un large esprit oecuménique. Outre les délégations venues de l’ensemble des cantons suisses, des représentants des autres Eglises et confessions chrétiennes et des délégués des autorités civiles ont pris part à la cérémonie qui rassemblait quelque 700 personnes.

Le culte très sobre, alternant chants, prières et prédications, a été égayé par la présence d’enfants, quelques-uns en costume traditionnel, qui ont apporté et allumé chacun une bougie représentant les 26 Eglises membres de la Fédération. Le psaume en chœur parlé émanant des travées et des hautes voûtes de la collégiale bernoise a apporté une touche contemporaine, face aux musiques de la riche tradition protestante.

Les coups de marteau de Martin Luther résonnent encore

Intervenant en ouverture, le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann a souligné combien la tradition protestante a imprégné la culture suisse. Les coups de marteau de Martin Luther placardant ses thèses sur les portes de l’église de Wittenberg ont résonné dans toute l’Europe (même si la scène est considérée aujourd’hui comme légendaire). En réclamant des réformes, il a changé les rapports entre l’Eglise et la société de l’époque. Pour le radical bernois, la démocratie, l’économie de marché ou l’Etat de droit, les libertés individuelles sont des héritages de la Réforme protestante. Ces éléments sont la source de la prospérité de la Suisse. Il a exprimé sa fierté et sa reconnaissance pour la Suisse multireligieuse, multilingue, multiculturelle et ouverte.

Le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann et le président de la FEPS Gottfried Locher (photo Maurice Page)

A l’action de grâces, les protestants suisses n’ont pas manqué d’associer les demandes de pardon, ces cinq siècles d’existence ayant aussi été marqués par les violences, les conflits et l’oppression. Depuis les anabaptistes noyés dans la Limmat, à Zurich, au XVIe siècle, aux enfants placés du XXe siècle, en passant par les femmes privées de leur place légitime.

«Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur!»

Commentant la sentence de l’évangile de Matthieu: «Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur», le pasteur Gottfried Locher, président du Conseil de la FEPS, n’a pas évité l’autocritique. «Et toi Eglise où est ton trésor? Dans les richesses accumulées au cours des siècles? Dans la reconnaissance de la société et de l’Etat? Dans ta réputation? A quoi sert cette richesse terrestre? Utilise-là, protège-là. Mais là n’est pas ton trésor! Ce qui compte est «d’amasser des trésors dans le ciel», en particulier par la pratique de la charité. Si les Eglises réformées aiment bien se définir comme «semper reformanda», il ne s’agit pas de revoir ses structures tous les dix ans, mais bien de changer les cœurs.

Sous le regard de Joseph et Marie l’oecuménisme de la rencontre: Jerry Pillay Président de la CMER, cardinal Kurt Koch, Gottfried Locher, président de la FEPS, Justin Welby, primat de l’Eglise Anglicane, Margot Kässmann, Eglise évangélique d’Allemagne (photo Maurice Page)

Le Sud-Africain Jerry Pillay, président de la Communion mondiale d’Eglises réformées (CMER), a souligné également que l’Eglise n’était pas là pour elle-même, mais pour proclamer Jésus- Christ. Il a rappelé que la justice et la paix étaient indissociables de l’Evangile.

«Adorer et témoigner, le reste n’est que décoration»

«L’Eglise n’existe que pour adorer et témoigner. Le reste n’est que décoration, parfois belle, parfois pas du tout», a relevé en français Justin Welby, primat de l’Eglise anglicane. «Nous sommes témoins de la résurrection et de la victoire de Jésus sur la mort, sur le mal, sur le péché individuel et systémique.» Dans une Angleterre cruellement frappée par les attentats et les catastrophes, le témoignage de conviction et de courage des chrétiens peut être très puissant, a estimé l’archevêque de Canterbury.

La pasteure Sabine Brändlin, membre du Conseil de la FEPS, bénit l’assemblée réunie à Berne pour les 500 ans de la Réforme (photo Maurice Page)

«Reconnaître Dieu et le servir, telle est notre mission», a enchaîné le cardinal suisse Kurt Koch, président due Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens. Là où Dieu n’est plus présent, chacun se crée son propre paradis, souvent au détriment des autres. Les chrétiens ne croient pas en un Dieu quelconque, a noté le cardinal, mais en un dieu qui s’est incarné en Jésus-Christ. Pour l’ancien évêque de Bâle, dépasser les divisions qui ont pesé pendant 500 ans, comme on a commencé à le faire depuis une cinquantaine d’années, reste néanmoins un long chemin.

Rendre visible l’unité basée sur l’Evangile a aussi été le message d’Olaf Fyske Tveit, secrétaire du Conseil œcuménique des Eglises (COE) à Genève. Pour le luthérien norvégien, la Réforme a été un élan pour redécouvrir le message de l’amour de Dieu.

Après la récitation du Notre Père et la bénédiction finale, la fête s’est prolongée sur le parvis du münster bernois. (cath.ch/mp)

Les représentants des diverses Eglises lors du jubilé de la Réforme à Berne (photo Maurice Page)
19 juin 2017 | 12:12
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 4  min.
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