Berne, le cardinal Mario Grech souligne l’élan missionnaire du Synode

«Nous avons besoin de rallumer le feu dans nos sociétés. On ne peut pas juste rester assis et regarder ce qui se passe. (…) C’est ça l’objectif du synode. Si vraiment nous aimons l’Église, nous devons tous nous engager dans ce nouveau chemin missionnaire… en faisant de la place à l’Esprit saint», a défendu le cardinal Mario Grech, le 19 mars 2024 à Berne.

Sur invitation de la Conférence des évêques suisses, le cardinal maltais Mario Grech, secrétaire général du Synode, s’est déplacé depuis Rome pour rencontrer et échanger avec une septantaine de personnes impliquées en Suisse dans le processus synodal.

«Votre présence en dit beaucoup sur ce que traverse actuellement l’Église. En Suisse également», a lancé le cardinal Grech. «L’Église a besoin de missionnaires, de gens qui s’engagent dans l’évangélisation, pas pour faire l’auto-éloge de l’Église, mais parce que, et le Saint-Père en est persuadé, nous avons besoin de rallumer le feu dans nos sociétés.»

L’enjeu, la christianisation

Pour le secrétaire général du Synode, la meilleure façon de relancer la flamme de l’évangélisation est, justement, d’être une Église synodale. «Ce n’est pas le temps du droit, ni celui de réflexions théologiques profondes. (…) L’enjeu c’est la christianisation.»

A la suite du pape François, le cardinal Grech a aussi insisté sur la place centrale que chaque participant au Synode, quel que soit son niveau d’action, doit accorder au Saint-Esprit. «Ce synode ‘particulier’ nous aide à reconnaitre l’action de l’Esprit saint en chacun de nous». «Sans lui l’Église n’a pas d’avenir», a-t-il averti. C’est l’Esprit saint qui permettra à l’Église de mieux se connecter au monde, à trouver les bonnes réponses pour les femmes et les hommes de ce temps.

Soulignant le manque de crédibilité dont souffre aujourd’hui l’Église, le cardinal a insisté sur le fait que ce synode est une opportunité de manifester l’unité de l’Église, plutôt que ses dissensions! Tout en précisant «qu’être unis ne veut pas dire, bien sûr, être pareils».

«La société civile doit comprendre que ce chemin synodal sera bénéfique pour tous, a conclu le cardinal. Quand ce sera le cas, cela signifiera la réussite du Synode.»

Le retour des participants

A la suite de la présentation du cardinal Mario Grech, les participants ont travaillé en petits groupes «de conversations spirituelles», selon l’expression de l’abbé Pierre-Yves Maillard, dans la lignée du processus synodal vécu à Rome en octobre 2023. Son ressortis de leurs brefs retours le courage que demande cette entreprise de longue haleine, qui peut engendrer par moments essoufflement et découragement, les bienfaits du passage de la théorie à la pratique du processus synodal et l’expérimentation d’une Église suisse plus forte qu’imaginée.

Les femmes dans l’Église

Trois thèmes «suisses» ont été ensuite présentés et discutés dans l’après-midi: Les femmes dans l’Église, Subsidiarité et synodalité, Expériences de la démocratie et de l’Église synodale. Sans surprise, c’est le premier sujet qui a soulevé le plus de discussions. Sœur Irène Gassmann, prieure de l’abbaye de Fahr, et Isabelle Vernet, responsable de la pastorale des jeunes dans le canton de Vaud, ont rappelé que si l’Église admet que tous les baptisés sont vêtus de la même dignité, la moitié d’entre eux n’en demeure pas moins exclus de certaines fonctions et organes de décision.

Pour Sœur Irène Gassmann, il est temps que l’Église dépasse le stade des «belles formulations», et que le processus synodal débouche sur des décisions concrètes à ce sujet. Cela lui permettrait de gagner en crédibilité. Et d’ajouter que la communauté de son abbaye «prie tous les jours pour que le courage et l’Esprit saint en action se manifestent dans le processus synodal».

Il ne s’agit pas de penser la place des hommes et des femmes dans l’Église en terme de complémentarité, a déclaré pour sa part Isabelle Vernet, mais en terme d’altérité, seul amène de reconnaître l’autre réellement dans sa différence.

«Des supers synodaux»!

Les quatre intervenants suivants (Mgr Gmür, Helena Jeppesen, Urs Brosi et Mgr Markus Büchel) ont relevé «l’expertise» des Suisses en matière synodale et ont appelé le Synode à s’en inspirer. «Les Suisses et les Suissesses sont les maîtres de la décision synodale», a lancé Mrg Gmür. «Chez nous, les décisions sont prises aux plus bas niveaux.» Ils ont présenté au cardinal venu de Rome les grandes lignes du système politique, démocratique et confédéral suisse, et du système ecclésial dual suisse.

En conclusion de cet après-midi échange, le cardinal Mario Grech a remarqué que les Suisses semblent effectivement avoir bien acquis les principes de la synodalité au vu de leurs traditions politiques et de leurs expériences organisationnelles en la matière. Il a néanmoins déploré avoir principalement entendu parler de structures et, au bout du compte, bien peu de spiritualité. (cath.ch/lb)

Cet «échange sur la synodalité» a eu lieu au Centre paroissial de la Trinité, à Berne, en présence de Helena Jeppesen, déléguée suisse au Synode, de Claire Jonard, facilitatrice au Synode, de Mgr Felix Gmür, président de la CES, de Mgr Jean-Marie Lovey, évêque de Sion et de Mgr Markus Büchel, évêque de St-Gall, de Pierre-Yves Maillard, vicaire général du diocèse de Sion, de Marie-Louise Beyeler, vice-présidente de la RKZ, d’Urs Brosi, secrétaire général de la RKZ, de sœur Adrienne Barras, supérieure de la communauté des Sœurs de la Pelouse (VD), d’Isabelle Vernet, responsable de la pastorale des jeunes dans le canton de Vaud et de bien d’autres! LB