Les trois initiants reçus au DFAE par Ignazio Cassis et le nonce Mgr Martin Krebs | DR
Suisse

Berne: 2'300 signatures pour changer l'élection de l'évêque de Lugano

Munis de 2’300 signatures, les trois initiants pour la modification de la clause d’élection des évêques dans le diocèse de Lugano ont rencontré le conseiller fédéral Ignazio Cassis et le nonce apostolique Mgr Martin Krebs, le 4 avril 2023, à Berne.

Regula Pfeifer, kath.ch/ Traduction et adaptation Bernard Hallet

«La rencontre s’est très bien passée», indique Luigi Maffezzoli au téléphone. Ils sont très satisfaits. Il y a quelques instants, il était encore en discussion avec le conseiller fédéral Ignazio Cassis et le nonce apostolique Mgr Martin Krebs – avec ses compagnons de lutte: la députée tessinoise du Centre Maddalena Ermotti Lepori et le député de la Lega Carlo Seitz.

Luigi Maffezzoli | © Pia Neuenschwander

Tous trois demandent que les modalités d’élection des évêques dans le diocèse de Lugano soient modifiées et ont lancé un appel à cet effet. A l’avenir, cette fonction ne devrait plus être réservée à un Tessinois de souche, mais pourrait être confiée à un non-Tessinois. Aujourd’hui, selon un accord conclu en 1968 entre le Conseil fédéral et le Saint-Siège, l’évêque de Lugano doit en effet être issu du clergé cantonal et détenteur de la citoyenneté tessinoise.

Surpris par l’offre de dialogue

A l’origine, le trio souhaitait simplement remettre l’appel et les signatures au nonce et au Conseil fédéral. «Le fait que nous ayons ensuite effectivement été invités à un entretien normal entre le nonce et le Conseil fédéral nous a surpris», déclare Luigi Maffezzoli. «Je n’aurais pas imaginé autant de choses».

Des signaux positifs

Lors de l’échange de l’après-midi du 4 avril, le nonce Martin Krebs a remercié le trio pour son engagement, raconte Luigi Maffezzoli. Il a souligné à quel point il était important qu’une partie du peuple s’engage en signant pour la cause. Il a en outre exprimé son opinion positive sur la question. Pour l’Église, il est préférable de pouvoir appliquer le droit universel, au lieu d’un droit local particulier, comme c’est le cas actuellement au Tessin.

Ignazio Cassis a d’abord rappelé le contexte de la clause, créée en 1888, après le Kulturkampf en Suisse. Le problème de cette clause était manifestement connu du conseiller fédéral tessinois. Il se serait exprimé de manière positive sur la possibilité de la réviser.

Maddalena Ermotti Lepori | © Pia Neuenschwander

Interrogé sur sa motivation, le co-initiateur Carlo Seitz (71 ans), a expliqué clairement à kath.ch: «Le nouveau style de direction de l’administrateur apostolique Mgr Alain de Raemy a donné l’idée aux trois amis. Je suis amoureux de l’évêque, et il est romand, lance-t-il-il avec exubérance. Alain de Raemy est fantastique».

Sa camarade Maddalena Ermotti-Lepori, députée du Centre, relativise: «Il ne s’agit pas pour nous de vouloir absolument Alain de Raemy comme évêque, c’est une question de principe».

Des bénévoles spontanés

«Nous avons lancé cet appel sans qu’il y ait d’organisation derrière – ni syndicat, ni parti», ajoute-t-elle. Lorsque l’initiative a été médiatisée, de nombreuses personnes leur ont demandé des formulaires et ont récolté des signatures de leur propre initiative. «Cela signifie que c’est une demande très importante». Quelque 2’300 paraphes ont ainsi été récoltées. Les initiants les avaient placées dans trois boîtes recouvertes d’un drapeau tessinois.

L’exemple du pape François: la qualité de la personne est décisive

«Le Tessin doit s’ouvrir», indique Carlo Seitz en faisant des cercles avec ses bras. Désormais, ce n’est pas la nationalité qui devrait être déterminante dans l’élection d’un évêque, mais la qualité d’une personne. Il fait référence au pape argentin. Celui-ci ne choisit pas non plus les cardinaux en fonction de leur origine. Il nomme les meilleurs d’entre eux. Il devrait être possible de procéder de la même manière au Tessin. Carlo Seitz espère que le conseiller fédéral Cassis, «en tant que Tessinois et avec son expérience en politique étrangère, parviendra à ce changement historique».

Carlo Seitz | © Pia Neuenschwander

Luigi Maffezzoli, plus réservé, ne sait pas comment les choses vont évoluer. D’autres personnes – à titre individuel – avaient déjà proposé une modification de la clause d’élection des évêques. «Nous avons maintenant récolté des signatures pour la première fois. Donc nous avons fait entendre la voix du peuple».

Deux États souverains aux commandes

Comment cela va-t-il se passer? Les trois ne le savent pas encore. «Cela ne dépend pas de nous», explique Luigi Maffezoli. Ce sont désormais les diplomates de deux États souverains qui sont aux commandes. «Il serait prétentieux de notre part de dire ce qu’ils devraient faire avec la clause d’élection des évêques tessinois». (cath.ch/kath.ch/rp/bh)

Une règle obsolète
La pétition, lancée sur la plateforme change.org, s’adresse au Conseiller fédéral Ignazio Cassis et au nonce apostolique à Berne, Mgr Martin Krebs. Les pétitionnaires estiment que la règle en vigueur est obsolète. Les dispositions de l’accord de 1968 sont liées à cette époque en particulier, a relevé Luigi Maffezzoli. Elle empêche que «les prêtres non suisses du diocèse de Lugano ou les évêques suisses de valeur (comme l’actuel Administrateur apostolique)» puissent être nommés, déplore-t-il.
«Pour imposer l’autonomie du diocèse de Lugano, il avait été convenu à l’époque que l’évêque devait nécessairement être tessinois. Mais cela n’a plus de sens aujourd’hui», estime-t-il. Le clergé n’est plus celui de l’époque et la réalité ecclésiastique du canton est «parfaitement intégrée à celle de la Suisse».

Les trois initiants reçus au DFAE par Ignazio Cassis et le nonce Mgr Martin Krebs | DR
5 avril 2023 | 10:26
par Rédaction cath.ch
Temps de lecture : env. 4  min.
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