Benoît XVI répond aux accusations de dissimulation d’abus
Benoît XVI a fourni 82 pages d’explications aux avocats enquêtant sur de présumées dissimulations d’abus sexuels dans le diocèse de Munich, rapporte le journal allemand Bild. Des personnalités appellent à respecter la présomption d’innocence pour le pape émérite.
Joseph Ratzinger a-t-il fait le nécessaire pour dénoncer les abus sexuels commis par des prêtres alors qu’il était archevêque de Munich-Freising? C’est sur cette délicate question que doit statuer le cabinet d’avocat munichois Westpfahl Spilker Wastl (WSW). Son rapport doit être rendu public lors d’une conférence de presse prévue le 20 janvier 2022.
Le document serait très volumineux, comptant plus de 350 pages rien que pour le cas d’un prêtre pédophile récidiviste connu comme «Peter H.». L’homme d’Eglise a été transféré d’Essen à l’archidiocèse de Munich en 1980, alors que ce dernier était dirigé par Joseph Ratzinger. Celui qui a été élu pape en 2005 aurait été au courant du dossier du prêtre avant sa mutation et aurait omis d’ordonner une enquête sur lui.
L’investigation de WSW s’est également penchée sur l’attitude des cardinaux Friedrich Wetter et Reinhard Marx, qui auraient eux aussi pu avoir connaissance des agissements de prêtres incriminés, alors qu’ils étaient sur le siège de Munich.
Accusations prématurées?
Des voix accusatrices se sont cependant déjà élevées contre les dignitaires suspectés, en particulier Benoît XVI, avant même que les faits du rapport soient révélés. Début janvier, les deux professeurs de droit canonique Norbert Lüdecke et Bernhard Anuth ont déclaré que le pape émérite n’avait pas agi de façon conforme, en 1980, en n’informant pas le Vatican de l’arrivée d’un prêtre abuseur dans le diocèse.
Dans le journal allemand Die Zeit, le criminologue Christian Pfeiffer a déploré le manque d’empressement des autorités publiques à enquêter sur les affaires d’abus sexuels dans l’Eglise. Visant les prélats incriminés, il a dénoncé des «structures de pouvoir autoritaires qui ont permis les dissimulations», ainsi que les «évêques arrogants qui ne se sentent responsables que devant le pape».
Soutien à Benoît XVI
Les dignitaires sous enquête ont cependant également reçu du soutien de personnalités en Allemagne. L’ancien professeur d’université Helmuth Pree a souligné que le devoir de l’archevêque de Munich d’avertir le Vatican de l’arrivée de Peter H. n’avait pas été établi à ce jour. Il a appelé, de manière générale, à respecter la présomption d’innocence à l’égard de Benoît XVI et exhorté à attendre les résultats du rapport de WSW avant de tirer des conclusions. (cath.ch/ag/bild/diezeit/kna/rz)