Rome: Visite Ad limina des évêques du Grand Ouest de la France
Benoît XVI met en garde contre une «bureaucratisation de la pastorale».
Rome, 21 septembre 2012 (Apic) Recevant un premier groupe d’évêques français en visite Ad limina, Benoît XVI les a mis en garde devant le risque d’une «bureaucratisation de la pastorale» aux dépens du témoignage chrétien, le 21 septembre en milieu de journée. Devant 32 évêques du Grand Ouest de la France, dans sa résidence de Castel Gandolfo, le pape a également assuré qu’il était «prophétique» et «en rien rétrograde» de défendre la vie et la famille.
Le pape s’est adressé à un épiscopat français qui fait actuellement entendre sa voix face à l’intention du gouvernement de légaliser le mariage homosexuel et l’euthanasie. Dans son discours, après avoir rappelé «les racines chrétiennes de la France» et sa «longue tradition spirituelle et missionnaire», le pape a notamment évoqué «la surcharge de travail qui pèse sur les prêtres» et invité les évêques à «prier et faire prier» pour les vocations.
Et les chrétiens éloignés de la pratique régulière?
Benoît XVI a ensuite jugé que les «regroupements paroissiaux» en cours en France ne devaient pas faire oublier que «la solution des problèmes pastoraux diocésains qui se présentent ne saurait se limiter à des questions d’organisation, pour importantes qu’elles soient». «Le risque existe, a alors soutenu le pape, de mettre l’accent sur la recherche de l’efficacité avec une sorte de bureaucratisation de la pastorale, en se focalisant sur les structures, sur l’organisation et les programmes, qui peuvent devenir ›autoréférentiels’, à usage exclusif des membres de ces structures». Le risque, a poursuivi le pape, est de n’avoir que «peu d’impact sur la vie des chrétiens éloignés de la pratique régulière».
En revanche, le souverain pontife a invité à «se concentrer sur le témoignage à donner afin d’aider nos contemporains à reconnaître et à redécouvrir les signes de la présence de Dieu», saluant en outre les «temps d’adoration» proposés aux fidèles.
Et Benoît XVI d’insister sur la nécessité de «toujours» confirmer «la fonction du prêtre» dans un pays où les laïcs sont particulièrement engagés en pastorale. S’il a salué «la générosité des laïcs», le pape a alors rappelé qu’ils avaient une «tâche spécifique» et qu’il convenait de «veiller au respect de la différence entre le sacerdoce commun de tous les fidèles et le sacerdoce ministériel de ceux qui ont été ordonnés au service de la communauté». Cette différence, a précisé le pape, «n’est pas seulement de degré, mais de nature».
Défendre la vie et la famille
Le pape n’a pas manqué de faire une allusion aux débats en cours dans la société française, et en particulier la question de légalisation du mariage homosexuel et de l’euthanasie, évoquant les menaces qui pèsent sur la vie et la famille.
La famille, a ainsi constaté Benoît XVI, «est menacée en bien des endroits, par suite d’une conception de la nature humaine qui s’avère défectueuse». Le pape a alors assuré que «défendre la vie et la famille dans la société n’était en rien rétrograde, mais plutôt prophétique car cela revient à promouvoir des valeurs qui permettent le plein épanouissement de la personne humaine, créée à l’image et à la ressemblance de Dieu». «Nous avons là un véritable défi à relever», a lancé le souverain pontife devant les prélats venus de l’Ouest de l’Hexagone.
Dans son discours, le souverain pontife a ensuite rappelé que mariage et famille étaient des institutions devant être «promues et garanties de toute équivoque possible quant à leur vérité, parce que tout dommage qui leur est causé constitue de fait une blessure pour la convivialité humaine».
Des courants d’opinion «nocifs»
Avant l’intervention du pape, le cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux, a soutenu que les évêques français étaient témoins d’un «affaiblissement du tissu ecclésial» et d’une «perte de la culture chrétienne», mais qu’ils constataient en même temps la présence d’une génération «prête à relever le défi de la nouvelle évangélisation».
Il a évoqué le discernement nécessaire à opérer afin de «voir dans les grands courants d’opinion qui marquent notre environnement ceux qui servent l’homme et ceux qui lui sont nocifs». Le haut prélat a alors indiqué que les évêques auraient ainsi, «dans les semaines qui viennent, à rappeler le sens, qui nous paraît véritablement fondateur pour notre vie sociale, du mariage, de la famille et de la filiation». Le cardinal Ricard a aussi évoqué la «crise durable» en France, et les préoccupations de l’épiscopat en matière de justice sociale.
Entamée le 20 septembre, la visite Ad limina des évêques du Grand Ouest de la France se poursuivra jusqu’au 29 septembre. Les 2 autres groupes d’évêques français viendront à Rome entre le 12 novembre et le 3 décembre. (apic/imedia/ami/cp/bb)