Le pape Benoît XVI a renoncé au pontificat il y a 5 ans. | © CTV
Vatican

Benoît XVI : entre paroles et silence

Le 11 février 2013, Benoît XVI annonçait sa renonciation au ministère pétrinien, en raison de ses forces manquantes. Depuis lors, le pape émérite est sorti plusieurs fois de la réserve qu’il s’était imposé. Il a exprimé librement son avis sur des points qui lui tiennent à cœur.

Ainsi, le 26 février 2014, dans une lettre adressée au quotidien italien La Stampa, le pape allemand qualifie d’›absurdes’ les spéculations sur sa renonciation, sur la validité de laquelle il n’a «pas le moindre doute». A ceux que son nouveau titre de ‘pape émérite’ laisse perplexe, il assure qu’il ne peut y avoir de doute sur celui «qui est le véritable pape».

Dans la préface publiée le 10 mai 2015 du livre du cardinal Tarcisio Bertone, La foi et le bien commun, le pape émérite encourage également l’Eglise catholique au dialogue avec les non-croyants. L’Eglise, suggère-t-il, doit «sortir d’elle-même» et partager les questions de son temps, afin d’assumer sa responsabilité «pour l’humanité dans sa totalité».

La miséricorde, un «signe des temps»

En mars 2016, le pape François est critiqué lors du lancement de l’Année de la miséricorde – dont certains craignent qu’elle n’oublie l’impératif de justice, dans le domaine familial notamment. Benoît XVI confie alors au cours d’un colloque qu’il voit «comme un signe des temps» le fait que la miséricorde de Dieu devienne un sujet de plus en plus central dans l’Eglise. Il salue l’insistance du pape argentin sur ce sujet.

Le 28 juin 2016, à l’occasion d’une célébration du 65e anniversaire de son ordination sacerdotale, Benoît XVI rend cet hommage au pape François: »votre bonté, depuis le premier jour de votre élection, à chaque moment de ma vie ici, me touche, me porte réellement, intérieurement». Dans sa méditation, le pape émérite témoigne également de son désir de s’unir au Christ pour «aider à la transsubstantiation du monde, que ce soit un monde non de mort, mais de vie, un monde où l’Amour a vaincu la mort».

Au mois de septembre 2016, Benoît XVI confie ses Dernières Conversations au journaliste allemand Peter Seewald. Le pape émérite y dresse un bilan de son pontificat et rend hommage à son successeur, le pape François: «l’élection d’un cardinal latino-américain signifie que l’Eglise est en mouvement, est dynamique, ouverte, avec devant soi des perspectives de nouveaux développements».

Situation explosive

A l’occasion d’un congrès organisé le 18 avril 2017 par les évêques polonais, lecture est faite d’un texte du pape émérite. Ce dernier y déclare que «l’opposition entre des conceptions radicalement athées de l’Etat et la survenue d’un Etat radicalement religieux dans les mouvements islamistes conduit notre temps à une situation explosive». «Ces radicalismes exigent de toute urgence que nous développions une conception convaincante de l’Etat», ajoute le pontife émérite dans ce texte dévoilé par la fondation Ratzinger-Benoît XVI.

Le 17 mai 2017, dans la préface qu’il écrit au second livre du cardinal Robert Sarah intitulé La Force du Silence, le pape émérite assure qu’avec lui, «maître du silence et de la vie intérieure, la liturgie est entre de bonnes mains». Benoît XVI y affirme également, de manière subtile, qu’il faut «être reconnaissants au Pape François d’avoir nommé un tel maître spirituel à la tête de la Congrégation qui est responsable de la célébration de la liturgie dans l’Eglise». Ce faisant, il assure un discret soutien à celui dont les options prises à la Congrégation pour le culte divin semblent diverger d’avec celle du pontife.

Obscurcissement de la priorité de Dieu

En juillet de la même année, Benoît XVI fait parvenir un message à l’archidiocèse de Cologne, à l’occasion de l’enterrement du cardinal Joachim Meisner, ancien pasteur de ce diocèse. Le pape émérite y salue la mémoire du prélat, dont il était proche, et qui, selon lui, savait «résister à la dictature de l’esprit du temps». Mais ce sont deux autres phrases qui ont été alors mises en exergue. Celles où Joseph Ratzinger se dit «impressionné» par la confiance du cardinal Meisner, certitude profonde «que le Seigneur n’abandonne pas son Eglise, même si parfois la barque est presque sur le point de chavirer».

Trois mois plus tard, en octobre, le pape émérite préface l’édition russe du volume de son Opera Omnia dédié à la liturgie. La cause véritable de la crise de l’Eglise, écrit-il, «réside dans l’obscurcissement de la priorité de Dieu» dans la liturgie. Le pape allemand déplore la «mécompréhension de la réforme liturgique» qui a fait suite au concile Vatican II, à cause de laquelle ont été mises en avant «l’activité et la créativité» humaines, faisant «oublier la présence de Dieu».

Benoît XVI a également signé en décembre 2017 la préface d’un recueil de contributions théologiques édité pour le 40e anniversaire de sacerdoce du cardinal Gerhard Ludwig Müller, préfet émérite de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Le 1er juillet 2017, le pape François ne l’avait pas reconduit au terme de son mandat à la tête de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Le pape émérite affirme que le cardinal Müller continuera «à servir publiquement la foi», en ajoutant qu’un «prêtre, et certainement un évêque et un cardinal, n’est jamais simplemen t à la retraite».

Dernièrement, le 7 février 2018, le pape émérite a déclaré dans une lettre adressée au Corriere delle Serra, être «en pèlerinage vers la Maison» du Père. Benoît XVI livre dans sa lettre : «C’est une grande grâce pour moi d’être entouré pour ce dernier bout de route, parfois un peu fatigant, d’un amour et d’une bonté que je n’aurais jamais pu imaginer». (cath.ch/imedia/Aaf/adp/ap/bh)

Le pape Benoît XVI a renoncé au pontificat il y a 5 ans. | © CTV
11 février 2018 | 16:05
par Bernard Hallet
Temps de lecture : env. 4  min.
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