Il est depuis 20 ans diacre dans l’Eglise catholique

Belgique: Un ancien pasteur protestant va être ordonné prêtre dans le diocèse de Hasselt

Bruxelles, 7 novembre 2001 (APIC) Pour la première fois depuis plus de 30 ans, un homme marié – un ancien pasteur protestant âgé de 64 ans – va être ordonné prêtre catholique. A la demande de Mgr Paul Schruers, évêque de Hasselt, le pape Jean Paul II a accordé à un diacre marié du diocèse, Gijs Meinesz, ancien pasteur de l’Eglise protestante réformée des Pays-Bas, l’autorisation d’être ordonné prêtre de l’Eglise catholique. L’ordination aura lieu à la veille de Noël, dimanche 23 décembre.

Gijs Meinesz est né en 1937 à Medan, sur l’île de Sumatra (Indonésie). Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, il a passé son enfance dans un camp de concentration japonais en Indonésie. C’est seulement après la guerre qu’il a pu, avec sa famille, émigrer aux Pays-Bas.

Après une carrière d’officier dans la marine royale des Pays-Bas, puis de pilote affecté à des missions secrètes de l’OTAN, Gijs Meinesz a étudié la philosophie et la théologie à l’Université de Leiden. Il a ensuite été consacré pasteur de l’Eglise protestante réformée des Pays-Bas et a exercé son ministère pastoral jusqu’en 1978, principalement comme aumônier de clinique à Leiderdorp.

Entre-temps, en 1968, le pasteur Meinesz a épousé Marijke van’t Hoff, dont il a aura deux enfants, qui sont aujourd’hui l’un et l’autre mariés. Comment en sont-ils venus à passer d’une Eglise protestante des Pays-Bas à l’Eglise catholique en Belgique? Le chemin s’est fait à la faveur d’une retraite d’un mois passé chez des Jésuites dans le Limbourg belge. Cette expérience fut d’abord celle Marijke en 1976, suite à la recommandation d’un religieux bénédictin. Puis Gijs fera la même retraite en 1977. Le pasteur et sa femme mûriront ensuite leur décision de concert: «Nous avons été spécialement attirés par la place qu’on donne aux sacrements, à Marie et à la spiritualité dans l’Eglise catholique.»

Converti, il perd son emploi

C’est en 1978 que la famille Meinesz passe dans l’Eglise catholique romaine. Gijs perd alors son emploi aux Pays-Bas, mais les Jésuites qui ont une maison de retraite à Godsheide, près de Hasselt, en Belgique, sont prêts à lui confier avec son épouse la responsabilité de l’accompagnement pastoral à Godsheide. Le baptême protestant des divers membres de la famille est reconnu. L’engagement des parents dans la vie paroissiale est d’emblée apprécié. Très vite, cependant, Gijs va souhaiter assurer des responsabilités d’Eglise comparables à celles qu’il exerçait auparavant comme pasteur. L’évêque de Hasselt accepte de valoriser la vocation ecclésiale de Gijs Meinesz en l’ordonnant diacre en 1981. A partir de 1986, d’autres responsabilités d’Eglise sont confiées à Gijs Meinesz et à son épouse: le couple est nommé coresponsable de la pastorale à l’hôpital psychiatrique Sainte-Marie à Saint-Trond.

Permission spéciale de Jean Paul II

Diacre depuis vingt ans dans l’Eglise catholique, Gijs est cependant resté sur sa faim. Aussi important soit le ministère du diacre pour valoriser tout ce qui est «service» dans l’Eglise, ce n’est pas pour être diacre permanent que l’ancien pasteur protestant avait demandé à être ordonné prêtre. Il en a donc reparlé avec son évêque: pourquoi un ancien pasteur à la tête d’une communauté protestante ne serait-il pas digne d’être prêtre d’une communauté catholique? Mgr Schruers, a demandé l’avis des autres évêques en Belgique, puis a soumis la question à Rome en juillet dernier. La réponse est venue, signée par Jean Paul II, en date du 2 octobre: c’est oui pour l’ordination au ministère de prêtre.

Une nouvelle ordination au ministère

Gijs Meinesz sera ordonné prêtre le dimanche 23 décembre à 14h30 en la cathédrale de Hasselt. Il y aura donc bien une nouvelle ordination au ministère, vu qu’il n’y a pas d’accord entre catholiques et protestants sur la validité des ministères respectifs. L’évêché de Hasselt attache néanmoins une grande importance œcuménique à la réponse positive de Rome. Elle prend largement en compte, en effet, l’argumentation de Gijs Meinesz, qui s’est aussi appuyé sur son expérience antérieure de pasteur.

Dans les pays scandinaves, aux Pays-Bas ainsi qu’en Grande-Bretagne, il n’était pas rare dans le passé que des pasteurs protestants et des prêtres anglicans qui avaient par la suite demandé à entrer dans l’Eglise catholique y soient un jour ordonnés prêtres. Des cas analogues ont été plus exceptionnels en Belgique, où le protestantisme est très minoritaire par rapport à l’Eglise catholique. Il faut même remonter à plus de trente ans pour retrouver une situation semblable. (apic/cip/be)

7 novembre 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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