La 'banque du Vatican' dans les chiffres noirs
L’Institut pour les œuvres de religion (IOR) a rendu public le 12 juin 2017 un rapport annuel au bilan positif. Le document précise la vocation éthique de la ‘banque du Vatican’, un organisme au service de l’Eglise, et non du profit.
Approuvé à l’unanimité le 26 avril dernier par le Conseil de surintendance, le rapport établit un bilan positif, avec un résultat net de 36 millions d’euros en 2016, contre 16 millions en 2015. Selon Jean-Baptiste de Franssu, président du Conseil de surintendance de l’IOR, ce résultat s’explique essentiellement par des taux d’intérêt favorables et une efficace activité de négociation.
Au 31 décembre 2016, le patrimoine de l’IOR, qui gère 5,7 milliards d’actifs, s’élève ainsi à 636,6 millions d’euros. Le rapport spécifie en outre que les bénéfices seront redistribués intégralement au Saint-Siège.
Des clients essentiellement ecclésiastiques
Le rapport relève par ailleurs que l’IOR comptait 14’690 clients fin 2016, soit 159 de plus sur un an, la grande majorité d’entre eux relevant du droit canon. En effet, précise le rapport «les clients de l’IOR ont une caractéristique commune, à savoir qu’ils font partie de et sont au service de l’Eglise catholique».
54% de ces clients étaient des congrégations religieuses, et 11% des administrations du Saint-Siège (dicastères, bureaux et nonciatures). A noter que 8% des clients sont des cardinaux, évêques ou prêtres. 8% également sont des conférences épiscopales, diocèses et paroisses. Parmi les autres clients, aux côtés d’institutions de droit canon, des employés et retraités du Vatican.
Impératif d’exemplarité
Pour le président de la Commission cardinalice de vigilance de l’IOR, le cardinal Santos Abril y Castelló, l’IOR a pour impératif d’avoir un «sens de l’éthique et de l’exemplarité» réclamée par le pape François. C’est même sa «directive» et son «exigence» première, et non l’efficacité et le profit à tout prix.
Comme le rapport le rappelle, l’IOR n’a pas vocation à maximiser le profit mais à servir le pape «avec prudence, dans sa mission de Pasteur universel». D’où des éléments peu communs pour le rapport d’une banque: notamment un fonds de bienfaisance. Celui-ci verse des contributions pour des activités missionnaires (169 millions d’euros en 2016) et pour la célébration de messes (83 millions d’euros). Ce fonds est essentiellement alimenté par des donations et ses distributions sont préalablement approuvées par un comité de trois personnes, dont le Prélat, responsable religieux permanent de la banque.
Anti-blanchiment et transparence
Pour Jean-Baptiste de Franssu, président du Conseil de surintendance de l’IOR, l’attention de l’IOR en 2016 a porté sur la définition d’un cadre et de principes de gouvernance plus solides et plus clairs, le respect des lois en vigueur incluant des procédures d’anti-blanchiment, l’amélioration des contrôles internes et la gestion du risque, ainsi que l’application des accords fiscaux avec l’Italie et les Etats-Unis.
Dans cette perspective, l’IOR assure poursuivre sur la voie de l’adaptation au nouveau cadre réglementaire imposé par l’Autorité d’information financière (AIF), l’organisme du Vatican qui réglemente ce secteur. Ce document est donc établi selon les normes IFRS, normes comptables visant à standardiser les rapports financiers.
L’IOR affirme aussi poursuivre l’œuvre de transparence entreprise depuis octobre 2016, date d’entrée en vigueur de la convention fiscale entre le gouvernement italien et le Saint-Siège. Cette amélioration permet au Saint-Siège de faire partie, depuis le 23 mars 2017, de la liste blanche fiscale de la République italienne.
Fin 2016, la banque vaticane employait 102 personnes, soit sept de moins que l’année précédente, en raison de départs à la retraite et d’une démission. Au total, l’ensemble des dépenses de personnel de l’IOR – y compris le directoire et le Conseil de surintendance – atteignent 10,2 millions d’euros. La moitié de cette somme est consacrée aux salaires. (cath.ch/imedia/ah/xln/ap/rz)