Bangladesh: le prêtre disparu accusé d’avoir simulé son rapt
Le mystère plane sur le cas du prêtre bangladais prétendument enlevé le 27 novembre 2017 puis relâché le 2 décembre. Selon l’agence vaticane Fides, le Père William Walter Rozario est accusé par la police d’avoir simulé son enlèvement et de s’être éloigné de son diocèse de son plein gré.
Le Père Rozario s’était rendu à moto, le 27 novembre, dans le Centre chrétien de Bonpara, au nord-ouest du Bangladesh, pour superviser une publication sur deux des nouveaux prêtres de la région ordonnés par le pape. Il a disparu sur la route du retour.
Il s’est présenté à la police le 2 décembre dans la ville de Sylhet, au nord-est du pays, à quelque 400 Km de son lieu d’enlèvement. Selon Radio Vatican, qui a contacté la famille du disparu, le prêtre a expliqué avoir réussi à s’échapper de lui-même des mains de ses ravisseurs. Il aurait alors téléphoné à un de ses frères qui serait venu le chercher à Sylhet.
Le Père Rozario est responsable d’une école catholique locale. Il s’était récemment occupé de l’organisation du voyage de quelque 300 fidèles à Dacca, à l’occasion de la visite du pontife dans le pays.
Demande de rançon?
L’hypothèse privilégiée au sein de l’Eglise locale est celle d’un enlèvement par un groupe extrémiste musulman, qui rechercherait une visibilité ou voudrait terroriser les chrétiens. Mais un kidnapping dans le cadre d’une tentative d’extorsion de fonds n’est pas exclu. Selon Radio Vatican, la famille a fait part d’une demande de rançon par internet de 300’000 takas (plus de 3’000 euros), qui leur serait parvenue le 30 novembre
La version des faits fournie par les forces de l’ordre, qui retiennent encore le prêtre en garde à vue, a été présentée dans le cadre d’une conférence de presse tenue le 4 décembre à Natore, au nord-ouest du Bangladesh. Selon Fides, le prêtre était présent, mais n’avait pas la possibilité de prendre la parole. Le Père Rozario devrait donner sa version des faits plus tard dans la journée, au tribunal, devant un juge du district. La police prétend que le prêtre serait parti pour «échapper à des pressions psychologiques».
L’Eglise soutient le Père Rozario
Le Père Subroto Purification, curé de la paroisse de Borny, dont le Père Rozario était vicaire, s’est dit surpris et heurté par la «conférence burlesque tenue par la police». Le curé affirme que l’accusation des forces de l’ordre ne tient pas debout. «Nous organisions le pèlerinage des fidèles à Dacca et lui aussi était impatient de rencontrer le pape, affirme le Père Purification. La mise en scène est une hypothèse sans fondements. […] Nous espérons que tout puisse être clarifié au tribunal».
Une autre source locale de Fides note que «malheureusement, au Bangladesh, on veut de cette manière couvrir les responsabilités de l’Etat, qui ne parvient pas à garantir la sécurité des citoyens». Le témoin anonyme relève que des épisodes de ce genre peuvent également être le symptôme de la corruption qui règne au sein des organes de l’Etat.
L’évêque du diocèse de Rajshahi, Mgr Gervas Rozario, se trouve à Dacca, la capitale, où il s’était rendu à l’occasion de l’arrivée du pape François. Il devrait revenir dans son diocèse au cours des prochains jours. Le prélat bangladais se dit persuadé que le Père Rozario a effectivement été enlevé et que l’Eglise locale est prête à le soutenir. (cath.ch/fides/rv/rz)