Bâle célèbre le millénaire de sa cathédrale
Bâle célébrera en 2019 le millénaire de la fondation de sa cathédrale par l’empereur romain germanique Henri II. Une série de manifestations religieuses et civiles marquera cet anniversaire tout au long de l’année.
La cathédrale de Bâle fut consacrée le 11 octobre 1019, par l’évêque Adalbert II, en la présence de ses fondateurs l’empereur romain germanique Henri II et sa femme, la reine Cunégonde de Luxembourg. L’empereur, qui avait intégré la ville des bords du Rhin à son territoire par héritage quelques années plus tôt, la dota en terres et en biens, favorisant ainsi son développement. Même s’il ne reste aujourd’hui pas grand-chose de l’édifice du XIe siècle, l’empereur a toujours sa statue au portail du Münster.
Si la commémoration concerne au premier chef l’Eglise évangélique réformée, détentrice du Münster, de nombreux partenaires y seront associés, le diocèse de Bâle, la ville, l’Université ou encore les musées. L’acte commémoratif principal sera une célébration œcuménique lors du dimanche des Rameaux, le 14 avril, à laquelle participera l’évêque de Bâle, Mgr Felix Gmür. Deux expositions au Musée historique de Bâle et au Museum Kleines Klingentahl présenteront, la première, le trésor de la cathédrale et la seconde l’histoire complexe du bâtiment, avec notamment des sculptures originales romanes et gothiques. Ces expositions seront aussi complétées par la publication d’un nouveau volume illustré dans la série des Monuments d’art et d’histoire de Suisse.
L’Université de Bâle s’impliquera aussi dans la commémoration par divers colloques et conférences organisées par les facultés de théologie et d’histoire. En septembre, des représentations théâtrales seront données à la cathédrale. Un important programme de visites guidées thématiques complétera les festivités. En outre, pour la première fois, les visiteurs pourront descendre dans la crypte pour y voir les tombeaux des évêques. L’année commémorative sera clôturée par une dernière cérémonie officielle le 6 novembre.
Une figure emblématique de la ville de Bâle
La massive silhouette en grès rose de la cathédrale sur le Münsterberg, avec ses tuiles vernissées multicolores, dominant le Rhin est aujourd’hui encore une des figures les plus caractéristiques de la ville de Bâle.
Dans l’antiquité tardive, le siège de l’évêque se situe au Castrum Rauracense (Kaiseraugst). Après le retrait de l’empire romain, il fut transféré sur la colline de Bâle, quelques kilomètres plus loin, à une date indéterminée. A l’époque carolingienne, l’évêque de Bâle puis Abbé de Reichenau Haito (805-823) fit construire la première grande église dans la cité dont il subsiste les fondations.
La célébration du millénaire se réfère à l’église romane ottonienne du début du XIe siècle, bâtie par l’empereur Henri II sous le vocable de Notre-Dame. Il s’agissait d’une basilique à trois nefs sans tour de façade. Il n’en subsiste qu’un mur intégré dans la paroi nord de la tour. L’église actuelle remonte au tournant des XIIe et XIIIe siècles. Elle est encore dans le style roman, mais intègre des éléments gothiques dont le portail. En 1347: Henri II, que l’Eglise avait canonisé, devient le second patron de la cathédrale, après la Vierge Marie, au moment du transfert de ses reliques et de celles de sa femme Cunégonde de la cathédrale de Bamberg, en Bavière, vers celle de Bâle.
Lors du tremblement de terre de 1356 et de l’incendie qui s’ensuivit, les tours et une partie de la nef sont endommagées. Mais en 1363, le maître-autel peut à nouveau être consacré. L’église est alors transformée et agrandie en style gothique rayonnant. Les tours ne furent achevées qu’au XVe siècle. L’édifice est en outre remarquable pour son double cloître.
Le Münster de Bâle possède aussi la particularité d’avoir conservé son atelier de tailleurs de pierre. Fermé en 1529, il a été rouvert en 1986 lors d’une des dernières campagnes de restaurations. Les artisans viennent y apprendre les techniques des sculpteurs du Moyen-Age.
Un concile, deux antipapes
Sur le plan historique, la cathédrale de Bâle servira de lieu de réunion pour le concile qui s’y réunit de 1431 à 1439, avant de s’expatrier à Ferrare puis à Florence, en Italie. À cette occasion, le duc de Savoie Amédée VIII fut élu comme antipape sous le nom de Félix V, le 24 juillet 1440, sur la place de la cathédrale. Fait assez particulier, un premier antipape Honorius II avait déjà été élu à Bâle en 1061.
Enfin en 1529, lorsque Bâle adopte le protestantisme, le Münster revient à l’Eglise réformée. Les parties extérieures et intérieures de l’édifice subissent les destructions des iconoclastes. Les autels arrachés sont brûlés sur la place dans un grand bûcher. L’évêque de Bâle s’exila à Porrentruy, avant de s’établir à Soleure après la tourmente de la Révolution française. Les chanoines du chapitre trouvèrent refuge à Fribourg-en-Brisgau.
Outre les tombeaux impériaux et épiscopaux, le Münster abrite aussi celui du théologien et humaniste Erasme de Rotterdam, mort à Bâle en 1536.
Dans l’histoire contemporaine, Bâle accueillit, au printemps 1989, la première rencontre œcuménique européenne, convoquée conjointement par la Conférence des Eglises européennes (CEC) et par le Conseil des Conférences épiscopales européennes (CCEE). (cath.ch/kath.ch/mp)