Rencontre du pape François avec le Conseil des Sages musulmans à la mosquée du Palais d’Al-Sakhir au Bahreïn | capture d'écran Vatican media
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Avec les musulmans, le pape veut ramener à l’adoration de Dieu

Sur le seuil de la mosquée du palais d’al-Sakhir à Bahreïn, le pape François a livré sa conception du dialogue interreligieux devant les membres du Conseil des sages musulmans présidé par le grand imam d’al-Azhar, Ahmed el-Tayeb, le 4 novembre 2022. La multiplication de ces rencontres islamo-chrétiennes doit permettre, selon lui, l’émergence d’une culture de la fraternité pouvant ruisseler sur les fidèles. Dans un monde en crise et en manque de repères, il a par ailleurs demandé aux leaders religieux d’être des « modèles exemplaires », capables de ramener les hommes à l’amour de Dieu et du prochain.

La rencontre a été introduite par le chant d’une sourate par un enfant musulman et la lecture d’un extrait de la Genèse par une jeune Bahreïnie. Dans la cour de la mosquée du palais al-Sakhir, les membres du Conseil des sages musulmans, institution fondée en 2014 promouvant le dialogue dans l’islam et rassemblant différents courants de l’islam, ont partagé la même table que la délagation vaticane composée notamment des cardinaux Parolin (secrétaire d’État), Tagle (Évangélisation), Guixot (Interreligieux), Koch (Œcuménisme) et Sandri (Églises orientales).

Au centre, le pape François s’est assis aux côtés du grand imam d’al-Azhar qu’il venait de rencontrer en privé et de féliciter pour son discours de clôture du Forum de Bahreïn, prononcé plus tôt dans la matinée. « Tu as été très courageux aujourd’hui lorsque tu as parlé de dialogue entre les musulmans », lui a-t-il confié.

De dialogue, il en a été encore question lors de ces retrouvailles avec le Conseil des sages musulmans. Trois ans après la signature du Document sur la Fraternité humaine à Abou Dabi, et dans le sillage de ses rencontres régulières avec le grand imam, le pape François a insisté sur le besoin de multiplier ce genre de rencontres interreligieuses. Pour lui, elles permettent de « faire passer la réalité avant les idées, les personnes avant les opinions, l’ouverture au Ciel avant les distances sur la Terre, un avenir de fraternité avant un passé d’hostilité ».

Le chef de l’Église catholique a fait remarquer que les fidèles de diverses religions et cultures ne pourraient « coexister, s’accueillir et s’estimer mutuellement » si les responsables religieux restaient étrangers les uns aux autres.

Définissant les « négociations patientes et le dialogue » comme « l’oxygène du vivre ensemble », le pape François a incité les leaders religieux à devenir des instruments de paix en se retrouvant fréquemment. « Je crois que les grands hommes se doivent d’être le cœur qui unit les membres du corps, l’âme qui donne espérance et vie aux plus hautes aspirations », a-t-il encore confié.

« Que les hommes retrouvent le sens de Dieu »

Dans son discours, le pape François a par ailleurs invité ses interlocuteurs à œuvrer pour que les hommes retrouvent le sens de Dieu et du prochain. Car le mal sur la terre « s’enracine dans le rejet de Dieu et du frère », a-t-il mis en garde.

« Nous avons donc un devoir unique et impératif, celui d’aider à redécouvrir ces sources de vie oubliées, de ramener l’humanité à s’abreuver de cette sagesse antique, de ramener les fidèles à l’adoration du Dieu du ciel, et aux hommes pour lesquels il a fait la terre », a lancé le pontife.

Pour ce faire, l’évêque de Rome a formellement défendu d’utiliser « des raccourcis indignes du Très-Haut, dont le nom de Paix est insulté par ceux qui croient aux raisons de la force, qui alimentent la violence, la guerre et le marché des armes ». A contrario, il a proposé deux armes « humbles et efficaces » : la prière et la fraternité.

Le pape a alors rappelé la grande responsabilité des chefs religieux qui doivent être « des modèles exemplaires de ce que nous prêchons, non seulement à nos communautés et chez nous – cela ne suffit plus – mais au monde unifié et globalisé ».

Un discours en écho à celui du Grand Imam Ahmed el-Tayeb

Plus tôt dans la matinée, lors de la clôture du Forum de Bahreïn, le grand imam d’al-Azhar avait lui aussi rejeté toute instrumentalisation de la violence par une religion. « L’islam est une religion de paix et d’égalité », avait-il insisté, réaffirmant que ce qui était dit concernant la promotion de « la guerre dans l’Islam contre les infidèles » constituait des « mensonges ».

Plaidant pour un « dialogue pour la fraternité islamique », Ahmed el-Tayeb invitait à chasser dans l’islam « tout discours de haine, de provocation et d’excommunication ». Le grand imam de l’université d’al-Azhar, au Caire, tendait par ailleurs la main à la communauté chiite – en partie représentée dans le Conseil des sages musulmans – pour convoquer une rencontre capable de « mettre de côté nos différences et renforcer notre unité islamique ».

Dans un langage différent de celui du pape, le grand imam expliquait par ailleurs que les crises actuelles étaient la conséquence du non-respect de la loi de Dieu, une loi « créée pour assurer la stabilité de la société et maintenir l’équilibre qui fait défaut dans la vie de l’homme, c’est-à-dire entre son corps et son âme ». Et d’assurer que « lorsque cette loi divine n’est pas respectée, l’ordre du monde entier et de la nature est perturbé ». (cath.ch/imedia/hl/mp)

Rencontre du pape François avec le Conseil des Sages musulmans à la mosquée du Palais d’Al-Sakhir au Bahreïn | capture d'écran Vatican media
4 novembre 2022 | 16:28
par I.MEDIA
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