Brunei: A trois mois de la mise en place de la charia, les catholiques sont inquiets

Avancée de l’islamisation

Bandar Seri Begawan, 20 janvier (Apic) La mise en place du nouveau code pénal du Brunei, qui comprendra de nombreuses dispositions issues de la charia, est prévue pour avril 2014. Les modalités d’application des nouvelles lois aux non musulmans inquiètent les minorités religieuses. Les catholiques redoutent notamment une avancée de l’islamisation de ce petit sultanat d’Asie du sud-est.

L’entrée en vigueur du nouveau code pénal, annoncée en octobre dernier, inquiète, en l’absence d’indications précises du pouvoir, la communauté catholique locale, rapporte le 20 janvier 2014 Eglises d’Asie (EdA), l’agence d’information des Missions Etrangères de Paris.

Mgr Cornelius Sim, vicaire apostolique de Brunei se veut «serein» tout en demeurant «très attentif» à la manière dont la situation évoluera. Il confie à EdA que la mesure préoccupe ses coreligionnaires, dans la mesure où elle s’inscrit dans un projet visant à islamiser ce petit pays où les musulmans représentent environ 70% des quelque 400’000 habitants. Les minorités religieuses, dont notamment 10% de chrétiens et 13% de bouddhistes, ont l’impression d’être toujours plus reléguées à un statut de «citoyens de seconde classe».

La crainte de la «dhimmitude»

Dans le système actuel, deux types de juridictions et de tribunaux coexistent au Brunei: l’un civil et l’autre islamique. Le domaine de compétence de ce dernier est limité au droit personnel, tel le droit du mariage ou des successions, pour les musulmans. Le sultan a déclaré que dans le nouveau système, seuls les musulmans seraient concernés. Il a toutefois été précisé que les non musulmans se verraient appliquer la charia au cas où ils se trouveraient impliqués avec un musulman dans un crime ou un délit, tel qu’un adultère commis par un non musulman avec une musulmane.

Une avocate philippine installée à Brunei confie à EdA que les chrétiens redoutent surtout de devoir subir une forme de «dhimmitude» (statut historique de soumission des fidèles juifs et chrétiens en terre d’islam).

Elle ajoute que la démarche va dans le sens d’un mouvement d’islamisation soutenu par lesle pouvoir en place. Elle cite des mesures prises l’an dernier concernant la fermeture des bureaux, commerces et restaurants le vendredi entre midi et 14h. Selon l’avocate, la disposition n’a d’autre but que de rappeler que l’islam est «LA» religion de ce pays. (apic/eda/rz)

20 janvier 2014 | 10:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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