Autriche: Un évêque s'oppose à la barrière anti-migrants

Mgr Aegidius Zsifkovics, évêque catholique d’Eisenstadt, à l’est de l’Autriche, s’oppose vivement à la construction d’une barrière «anti-migrants» sur le territoire du diocèse. Le gouvernement autrichien voudrait en effet contrer l’afflux de réfugiés en clôturant sa frontière avec la Hongrie.

Les autorités diocésaines ont catégoriquement refusé la demande du ministère de l’Intérieur autrichien et de la direction de la Police nationale de bâtir sur deux terrains appartenant au diocèse une portion de la barrière, qui doit s’étendre en totalité sur neuf kilomètres.

L’évêque a assuré, dans une interview au quotidien autrichien Kurier du 23 avril 2016, que l’approbation d’une telle barrière était impossible, d’un point de vue chrétien. «J’ai toujours répété que la Sainte Famille était une famille de réfugiés. Celui qui ne comprend pas cela passe à côté du message chrétien», affirme ainsi Mgr Zsifkovics. Lui qui a grandi a proximité du Rideau de fer dit rejeter «avec chaque fibre de son corps» l’érection de telles barrières. L’évêque d’Eisenstadt, qui est également coordinateur pour la question des réfugiés au sein de la Commission des épiscopats de la communauté européenne (COMECE), souligne en outre qu’une telle clôture ne serait pas la solution face à l’afflux de réfugiés. «Qui une barrière de neuf kilomètres de long peut-elle bien arrêter?», s’interroge le prélat.

Une autre barrière au Brenner

Le porte-parole du diocèse, Dominik Orieschnig, a défendu, sur Radio Vatican, la position de l’évêque, répétant qu’une telle construction était en «total désaccord avec le message de l’Eglise» et l’esprit de l’Evangile. Précisant que le diocèse comprenait les angoisses et peurs des personnes, le chargé de communication a martelé qu’il existait d’autres «réponses chrétiennes» à la situation.

Au Sud-Tyrol, les autorités diocésaines locales s’opposent également à la construction d’une barrière similaire au niveau du col du Brenner, lieu de passage de nombreux réfugiés.

La Conférence épiscopale autrichienne a en outre, dans un communiqué du 22 avril, critiqué le durcissement du droit d’asile prévu par le gouvernement de Vienne.

L’Autriche a annoncé fin mars de nouvelles mesures pour rendre plus sélectif son droit d’asile et traiter en procédure accélérée les demandes des migrants dès la frontière, sans les laisser entrer dans le pays. A partir de mi-mai, le pays, qui a déjà durci ces derniers mois sa politique migratoire, n’accordera plus sa protection qu’aux réfugiés qui ont déjà de la famille en Autriche, et à ceux qui sont menacés dans les pays européens par lesquels ils ont transité avant d’arriver à la frontière autrichienne. (cath.ch-apic/kur/kap/com/rz)