Australie: l’Eglise se dit ouverte au diaconat féminin
L’Eglise catholique en Australie a approuvé début juillet 2022 une série de réformes importantes sur le rôle des femmes, se disant notamment ouverte à ordonner des femmes au diaconat. Une nouvelle traduction «plus inclusive» du missel a également été décidée.
Les évêques et les membres du synode ont convenu que l’Église d’Australie «mettrait en place» des diacres féminins si la loi universelle de l’Église le permettait, et que les femmes feraient partie des «structures décisionnelles» de l’institution. Chaque diocèse s’est en outre engagé à trouver «de nouvelles opportunités pour les femmes de participer aux ministères».
Les réformes ont été approuvées lors de la dernière journée de vote de l’assemblée du synode national (Plenary Council), à Sydney, rapporte le 8 juillet 2022 le média britannique The Tablet. Les décisions ont été prises à l’issue d’un processus de discernement de quatre ans auquel ont participé 222’000 catholiques de tout le pays. Le synode national est la plus importante forme de rassemblement pour l’Eglise d’un pays. Ses principales décisions doivent être validées par le pape. Le processus australien est une réponse aux révélations dévastatrices d’abus sexuels commis par des clercs dans l’Église du pays, qui ont conduit à des appels à une réforme et un renouvellement profonds.
Revirement spectaculaire
La motion sur les femmes fait de l’Eglise australienne la deuxième église locale, après celle d’Amazonie, à signifier son ouverture au diaconat féminin. L’accord sur le rôle des femmes marque un revirement spectaculaire dans le processus du synode. Certains membres avaient en effet menacé d’abandonner l’assemblée, alors que les motions sur les femmes n’avaient pas réussi à atteindre la nécessaire majorité des deux tiers. À la suite de ce vote, le 6 juillet, certains membres ont organisé une protestation silencieuse à l’intérieur de la salle en refusant de regagner leur siège.
Pour un Missel «plus inclusif»
Au cours du dernier jour de vote, le synode a également adopté une motion demandant une nouvelle traduction anglaise du Missel en Australie, qui soit «sensible à un langage qui communique clairement et inclut tout membre de l’assemblée». La traduction actuelle des textes de la messe en anglais, entrée en vigueur en 2011, a été critiquée pour son manque d’inclusivité, sa lourdeur, et le fait qu’elle ait été imposée par Rome. Le pape François a cependant réformé le processus de traduction liturgique en donnant une plus grande liberté aux évêques locaux, ce qui ouvre la voie à l’Église australienne pour une révision.
Retour des célébrations pénitentielles
Un autre vote important du synode australien a porté sur la demande d’une utilisation plus large des célébrations pénitentielles. Il s’agit d’une manière d’offrir le sacrement de la réconciliation à un groupe plutôt qu’à travers une confession individuelle à un prêtre. Cette troisième forme de confession, fréquemment utilisée après Vatican II (1962-1965) a gagné en popularité en Australie, en particulier dans les diocèses ruraux où il y a une grave pénurie de prêtres. La pratique a toutefois rencontré une résistance sous le pontificat de Jean Paul II, dans les années 1990, qui souligné la nécessité de la confession individuelle. Le synode national demande ainsi au pape de «considérer si la troisième forme du rite de pénitence pourrait être plus largement utilisée dans les occasions où elle est particulièrement appropriée, étant donné que les fidèles comprennent sa nature et ses exigences particulières».
Contre le cléricalisme
Le conseil a en outre adopté des motions sur l’orientation future de l’Église en Australie. Elle vise l’élaboration d’un «cadre national pour la formation à l’enseignement social catholique» et d’un engagement pour chaque paroisse et institution ecclésiastique à des plans d’action basés sur Laudato si’ (2015), l’encyclique du pape sur la sauvegarde de la Maison commune. Le synode s’est également attaqué à la «culture du cléricalisme» en s’engageant à associer des laïcs aux grandes décisions et à veiller une gouvernance «synodale» par le biais de structures telles que les conseils pastoraux. (cath.ch/tablet/arch/rz)