Australie: Le cardinal Pell, accusé de non-assistance à des victimes d'abus sexuels
Canberra, 12 février 2015 (Apic) Le cardinal George Pell est accusé par la Commission royale australienne d’enquête contre les abus sexuels d’avoir dérogé à son devoir d’assistance à des victimes de prêtres. L’Eglise catholique en Australie aurait manœuvré juridiquement pour dissuader des victimes de la poursuivre en justice.
La Commission royale, mise en place en en 2012 pour enquêter sur les affaires de pédophilie dans les institutions d’Australie, a affirmé que l’Eglise avait trompé certaines victimes de manière systématique, rapporte le 11 février 2015 le journal catholique britannique «The Tablet». La Commission a en particulier critiqué le fait que l’Eglise ne s’était pas conformée à sa ligne de conduite concernant les abus sexuels, concrétisée dans un protocole intitulé «Vers la guérison» (Towards Healing). Dans l’un des cas, l’institution aurait imposé le silence à une victime et dans un autre, elle aurait failli à fournir l’assistance et la direction spirituelle nécessaires.
Dissuader d’autres victimes?
La Commission affirme également que le cardinal George Pell, alors qu’il était archevêque de Sydney, a délibérément combattu les allégations d’une victime, John Ellis, afin de dissuader d’autres plaintes potentielles. Selon le groupe d’enquête, le cardinal –récemment nommé par le pape François à la tête du nouveau Secrétariat pour l’économie- a admis ce fait au cours d’une audition public en janvier dernier.
John Ellis a été abusé par le Père Aidan Duggan dans les années 1970, alors qu’il avait entre 13 et 17 ans. Lorsque la médiation entreprise dans le cadre de «Vers la guérison» a échoué, John Ellis a poursuivi le Père Duggan en justice en 2004, ainsi que l’archidiocèse de Sydney et le cardinal Pell en tant que responsable de l’institution. Aidan Duggan est décédé la même année.
Un comportement «non-chrétien»?
John Ellis a cependant perdu le procès, après que la Cour eut décidé que ni le cardinal Pell ni l’archidiocèse ne pouvaient être tenus pour responsables de la conduite de l’ecclésiastique. En rapport à cela, la Commission a conclu que l’Eglise avait agi de façon injuste, «non-chrétienne» et «sans compassion pour les besoins pastoraux de la victime». Selon l’équipe d’investigation, le cardinal a écouté les conseils des avocats de l’archidiocèse de combattre les allégations de John Ellis, afin de dissuader d’autres victimes de recourir à la justice.
La Première ministre australienne Julia Gillard a annoncé mi-novembre 2012 la formation d’une commission royale d’enquête sur les abus sexuels. Dans l’Etat de Victoria, dans le sud de l’Australie, l’Eglise catholique a reconnu qu’au moins 620 enfants avaient été victimes d’abus sexuels de la part de prêtres depuis les années 1930. (apic/tab/rz)