Aung San Suu Kyi gagne le respect des chrétiens de Birmanie
Au pouvoir depuis cinq mois, Aung San Suu Kyi gère le dossier ethnique avec une grande détermination, ce qui lui fait gagner le respect des chrétiens de Birmanie. La majorité des groupes insurgés, invités par la conseillère d’Etat, participera à la seconde Conférence de Panglong, qui doit s’ouvrir le 31 août 2016 à Naypyidaw, capitale du pays.
Environ quinze groupes ethniques armés doivent se rendre à Naypyidaw pour la Conférence sur la paix convoqué par Aung San Suu Kyi, soit quelque 1’800 délégués. Jamais les deux insurrections les plus puissantes du pays, celles des Was et des Kachins, n’ont rencontré ensemble les représentants du gouvernement birman et de l’armée pour discuter de paix, d’après l’Agence d’information des Missions Etrangères de Paris, Eglises d’Asie (EDA).
«Au cours de la longue histoire de notre pays, c’est la première fois que s’offre à nous une telle occasion, une très grande occasion, celle de faire la paix», s’enthousiasme Lian Sakhong, vice-président d’un groupe rebelle chrétien de l’ouest de la Birmanie, le Front national Chin (CNF), interrogé par l’Agence Fides.
«Il est plus facile de négocier avec Aung San Suu Kyi»
Ce chrétien a participé à de nombreuses réunions préparatoires avec Aung San Suu Kyi. «Elle est très déterminée. Elle sait ce qu’elle fait, relate-t-il. Elle prend des décisions plus rapidement que les négociateurs de l’ancien gouvernement, qui, en cas d’impasse, devaient décrocher leur téléphone pour joindre le président ou le chef de l’armée. Ils ne savaient pas résoudre une question directement. Il est plus facile de négocier avec Aung San Suu Kyi.»
Lian Sakhong estime que la conseillère d’Etat a fait preuve d’une grande souplesse jusqu’à présent. «Si vous lui proposez un argument sensé, elle est d’accord rapidement. Elle peut changer d’avis facilement», poursuit-il, citant en exemple l’invitation des partis politiques à la Conférence sur la paix. Initialement, Aung San Suu Kyi ne souhaitait convier que les formations qui avaient remporté des sièges aux législatives de novembre. Pressée par les groupes ethniques de revoir sa position, elle a finalement accepté d’étendre son invitation à ceux qui ont échoué au scrutin, dont de nombreux petits partis ethniques. Sui Khar, lui aussi membre du CNF, estime qu’elle est prête à faire des compromis.
Une solution aux conflits passe par Pékin
Aung San Suu Kyi a déployé d’intenses efforts diplomatiques pour rassembler cette myriade d’acteurs ethniques et militaires. Elle a tissé des liens avec certaines rébellions, dont celle des Was, en envoyant ses émissaires sur le terrain. Puis, du 17 au 21 août derniers, elle a effectué une visite officielle en Chine, sachant que la solution aux conflits ethniques dans son pays passe en partie par Pékin. La participation confirmée des Was et des Kachins à la Conférence sur la paix n’est sans doute pas étrangère à ce voyage diplomatique, ni à la probable intervention de Pékin dans le dossier.
La Prix Nobel séduit l’Eglise catholique
La méthode ouverte et pragmatique de la Prix Nobel séduit, y compris le premier cardinal de Birmanie de l’Eglise catholique. Pour Mgr Charles Maung Bo, archevêque de Rangoon, les nouveaux dirigeants font «de leur mieux» pour résoudre les problèmes du pays, selon le site d’information The Observer. (cath.ch-apic/eda/gr)