Les aumôniers des prisons au Conseil de l’Europe pour lutter contre la radicalisation

A l’occasion de la Rencontre Européenne des Aumôniers des prisons, qui se tient à Strasbourg du 30 mai au 1er juin 2016, quelque 60 participants provenant de 23 Etats se  sont rendus au Conseil de l’Europe avec pour thème de discussion la lutte contre la radicalisation dans les lieux de détention.

Les aumôniers des prisons, réunis au Centre culturel St. Thomas, situé à proximité des institutions européennes, se penchent sur le phénomène de la radicalisation dans les prisons.

La radicalisation en prison, pas une question marginale

L’analyse de Vincenzo De Gaetano, juge de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, a ouvert cette rencontre européenne promue par le Conseil des Conférences épiscopales européennes (CCEE), la Mission Permanente du Saint-Siège auprès du Conseil de l’Europe et la Commission Internationale de la Pastorale Catholique des Prisons (ICCPPC). Cet événement est organisé sous l’égide de Thorbjørn Jagland, secrétaire général du Conseil de l’Europe.

«Le phénomène de la radicalisation n’est pas une question marginale, enfermée dans les murs d’enceinte des maisons d’arrêt; c’est plutôt une question qui concerne directement la cohésion sociale de nos sociétés. L’attention croissante par laquelle les gouvernements et les instances internationales suivent le phénomène le montre très clairement», affirme Mgr Paolo Rudelli, Observateur permanent du Saint-Siège auprès du Conseil de l’Europe.

Sauvegarder la dignité humaine des personnes en prison

«A Strasbourg, nous souhaitons établir un dialogue entre le Conseil de l’Europe qui, en mai 2015, a promulgué des lignes directrices en la matière, et le réseau des aumôniers catholiques qui travaillent quotidiennement pour offrir une assistance spirituelle dans les prisons. Nous voulons mettre en exergue l’apport spécifique de ce service de l’Eglise, en soulignant également l’importance de la collaboration entre aumôniers de religions différentes; une réalité qui existe déjà dans de nombreuses parties de l’Europe et qui peut être extrêmement utile non seulement pour lutter contre la radicalisation mais, en général, pour sauvegarder la dignité humaine des personnes en prison».

La plupart des participants sont des aumôniers catholiques en charge de la pastorale dans les prisons au niveau national. Un certain nombre d’aumôniers des Eglises orthodoxes et protestantes, ainsi que d’un groupe de musulmans impliqués dans cette même activité sont également présents aux débats.

Dustur, la Constitution

La journée se terminera par la projection du film-documentaire «Dustur», de Marco Santarelli, qui raconte l’histoire d’un groupe de prisonniers musulmans détenus dans la maison d’arrêt de Dozza, à Bologne. Ces détenus commencent à connaître et à approfondir la Constitution italienne (Dustur veut dire ›Constitution’ en arabe) dans le cadre d’un parcours scolaire spécial. Cela les conduira à rédiger un «dustur» idéal, fait de mots personnels et universels, dans un échange ouvert entre cultures et façons de voir les choses parfois différentes mais unies par des nécessités fondamentales.

Deux des protagonistes du film-documentaire, le Père Ignazio De Francesco, de la Piccola Famiglia dell’Annunziata (Bologne) et Yassine Lafram, coordinateur de la Communauté islamique de Bologne, participeront, le lendemain, à une table ronde au Conseil de l’Europe. En effet, le mardi 31 mai, les travaux se tiendront auprès du Conseil de l’Europe et la session sera ouverte par le secrétaire général du Conseil de l’Europe. Pendant la rencontre, il sera donné lecture d’un message du pape François. A cette occasion, le CCEE et l’ICCPPC présenteront quelques conclusions concernant la lutte contre la radicalisation et leur engagement pour la promotion de la dignité humaine. (cath.ch-apic/ccee/be)

Les aumôniers de prison au Conseil de l'Europe (Illustration: www.ccee.eu)
30 mai 2016 | 12:02
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 2  min.
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