Attentat contre Charlie Hebdo: Déclaration commune du Vatican et des imams français
Rome, 9 janvier 2015 (Apic) Le cardinal Jean-Louis Tauran a exprimé le 9 janvier son «dégoût profond» concernant l’attentat contre la rédaction de l’hebdomadaire satirique Charlie-Hebdo, qui a fait 12 morts le 7 janvier à Paris. Sur les ondes de Radio Vatican, le président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux a souligné que ce «crime» avait été commis par des «jeunes complètement dévoyés».
Pour une information respectueuse des religions et de leurs adeptes
Le cardinal a publié une déclaration commune avec un groupe de quatre imams français engagés dans le dialogue interreligieux présents à Rome pour rencontrer le pape François et des chefs de dicastère au Vatican, en compagnie de représentants de la Conférence épiscopale française. Ce texte commun dénonce la cruauté et la violence aveugle, et défend la liberté d’expression, tout en appelant à une information respectueuse des religions et de leurs adeptes.
Commentant cette déclaration, le cardinal Jean-Louis Tauran a estimé qu’il était terrible de penser que l’on pouvait résoudre des problèmes par la violence, d’autant plus si cette violence est exercée au nom d’une religion. «C’est toutes les libertés qui sont menacées».
Les imans présents à Rome «très choqués» par l’attentat sanglant
Les imans présents à Rome «ont été, comme nous tous, très choqués par ce qui est arrivé à Paris». Dans ces circonstances, ils ont rappelé que le monde est en danger quand la liberté d’expression n’est pas assurée, et donc il est impératif de s’opposer à la haine et à toute forme de violences qui détruisent la vie humaine, qui violent la dignité de la personne et qui minent la coexistence entre les personnes et les peuples».
Les signataires de la déclaration affirment que les responsables religieux sont appelés à promouvoir davantage une culture de la paix et de l’espérance capable de vaincre la peur et de construire des ponts entre les hommes. Ils ont également souligné l’impact des moyens de communication, et en particulier de la télévision, et ont invité les responsables des moyens de communication sociale à offrir une information respectueuse des religions, de leurs adeptes et de leurs pratiques, pour favoriser une culture de la rencontre et du dialogue.
«C’est le dialogue ou la guerre!»
Pour les signataires, le dialogue interreligieux est la seule voie à parcourir pour dissiper les préjugés. «Nous sommes condamnés au dialogue… C’est le dialogue ou la guerre!»
Pour le cardinal Tauran, la priorité, c’est l’éducation, l’école et l’université: il faut apprendre à se connaître, à comprendre ce que l’autre vit, ce à quoi il croit, ses valeurs. «C’est un long apprivoisement, car souvent les préjugés naissent de l’ignorance». Le président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux suggère qu’un des lieux privilégiés pour faire passer ce message de paix et de coexistence est le moment de la prière du vendredi dans les mosquées. Les prêches doivent être bien préparés, a-t-il insisté, car les mosquées sont le lieu où se fait la formation des musulmans.
Il faut renforcer la connaissance de l’autre
Parmi les membres de la délégation des imams présents au Vatican figurait Azzedine Gaci, imam de la Mosquée Othmane de Villeurbanne, un homme très engagé dans le dialogue interreligieux dans la région Rhône-Alpes. Il avait notamment été l’un des initiateurs de l’appel des 110 pour la tolérance entre les religions.
Expliquant sur les ondes de Radio Vatican les attentes des musulmans contenues dans cette déclaration interreligieuse, Azzedine Gaci a expliqué qu’en ces moments difficiles, il faut renforcer la connaissance de l’autre. «Il faut renforcer le respect de l’autre. Il faut continuer à porter un regard positif sur l’autre qui n’est pas moi, et qui ne porte pas la même foi, la même spiritualité… Nous ne devons pas céder à ces entrepreneurs de la violence, à ces prêcheurs de la haine! Nous ne devons pas céder maintenant, parce si nous cédons, c’est qu’ils ont réussi». (apic/radvat/be)