Assise: le pape exhorte les chrétiens à absorber «la pollution de l’indifférence»
Lors de la prière entre chrétiens pour la paix, dans la basilique inférieure de Saint-François à Assise, le 20 septembre 2016, le pape François a invité toutes les confessions chrétiennes à être des «arbres de vie qui absorbent la pollution de l’indifférence» vis-à-vis des victimes des guerres et des persécutions. Ces derniers «rencontrent trop souvent le silence assourdissant de l’indifférence, de l’égoïsme de celui qui est agacé», a-t-il notamment déploré.
En fin d’après-midi, à l’occasion de la Journée mondiale de prière interreligieuse pour la paix à Assise, les représentants des différentes religions et expressions spirituelles se sont rendus dans des lieux différents de la ville afin de prier pour la paix. Les chrétiens se sont rassemblés dans la basilique inférieure de Saint-François pour une prière œcuménique. Après avoir écouté une méditation de l’archevêque de Cantorbéry Justin Welby, puis du patriarche orthodoxe de Constantinople Bartholomée 1er, le pape François a livré, à son tour, une méditation centrée sur la soif d’amour de Jésus-Christ, en écho avec le thème de cette édition 2016 de la Rencontre interreligieuse pour la paix: «Soif de paix: religions et culture en dialogue».
Un «j’ai soif» sur chaque croix
En référence au cri de Jésus, «J’ai soif», évoqué dans l’évangile selon saint Jean (19,28), le pape François a commenté: «De quoi a soif le Seigneur? Certainement d’eau, élément essentiel pour la vie. Mais surtout d’amour, élément non moins essentiel pour vivre». Le pape a alors cité sainte Mère Teresa de Calcutta, canonisée le 4 septembre dernier, qui avait souhaité que dans les chapelles de chacune de ses communautés, près du Christ en croix soit écrit: «J’ai soif». «Étancher la soif d’amour de Jésus sur la croix par le service des plus pauvres parmi les pauvres a été sa réponse», a-t-il souligné.
«Dans son ‘J’ai soif’, nous pouvons entendre la voix de ceux qui souffrent, le cri caché des petits innocents exclus de la lumière de ce monde, a repris le pape, la supplication qui vient du fond du cœur des pauvres et de ceux qui ont le plus besoin de paix». Et le Souverain pontife de citer notamment les victimes «des guerres qui polluent les peuples de haine et la terre d’armes», mais aussi ceux qui «vivent sous la menace des bombardements ou sont contraints de laisser leurs maisons et d’émigrer vers l’inconnu, dépouillés de tout».
Ces personnes «sont des frères et des sœurs du Crucifié, petits dans son Royaume, membres blessés et desséchés de sa chair». «Ils ont soif, a poursuivi le pape. Mais à eux, il leur est souvent donné, comme à Jésus, le vinaigre amer du refus. Qui les écoute ? Qui se préoccupe de leur répondre ?», a-t-il alors interpellé, avant de déplorer: «ils rencontrent trop souvent le silence assourdissant de l’indifférence, de l’égoïsme de celui qui est agacé, la froideur de celui qui éteint leur cri à l’aide avec la facilité avec laquelle on change un canal de télévision».
Oxygène de l’amour
«Nous aussi, disciples du Crucifié, nous sommes appelés à être des ‘arbres de vie’ qui absorbent la pollution de l’indifférence et restituent au monde l’oxygène de l’amour», a alors exhorté le chef de l’Eglise catholique. «Du côté du Christ en croix sort de l’eau, symbole de l’Esprit qui donne la vie; ainsi, que de nous, ses fidèles, sorte de la compassion pour tous les assoiffés d’aujourd’hui».
Après la méditation du chef de l’Eglise catholique, une prière d’intercession a été lue, durant laquelle tous les pays en guerre ont été nommés. Pour chacun de ces pays (Syrie, Irak, Colombie, Birmanie, Venezuela, République démocratique du Congo Burundi, etc.), une bougie a été allumée.
La cérémonie œcuménique, animée par des textes et des chants tantôt en italien, en anglais, en arabe ou encore en français, a été co-présidée par le pape François, l’archevêque de Cantorbéry Justin Welby, le patriarche Bartholomée 1er, mais aussi le patriarche syriaque orthodoxe Ephram II. (cath.ch-apic/imedia/bl/gr)