Asie: augmentation des vocations et nouveaux défis
Asie, 22.07.2015 (cath.ch/apic) Le nombre de religieux ne cesse d’augmenter en Asie, impliquant d’importants défis au plan de la formation. En cette année de la vie consacrée, l’agence d’information catholique ucanews, propose un état des lieux de la vie religieuse en Asie en commençant par le sud-est asiatique.
Sœur Margaret Maung ne porte pas d’habit religieux, mais un traditionnel «longyi» – ce long morceau de tissu noué à la taille habituellement porté en Birmanie – et une simple blouse. «Cela aide beaucoup lorsque l’on rencontre les gens», raconte Sœur Margaret, missionnaire depuis trente ans. Elle travaille avec des femmes pauvres, particulièrement des musulmanes et des bouddhistes dans le sud de la Birmanie. Sa congrégation sensibilise ces femmes aux questions de la traite humaine et du Sida. Selon elle, transmettre ses connaissances vitales fait partie de la nouvelle évangélisation. «Nous ne parlons jamais de religion, face aux non-chrétiens, nous témoignons à travers nos bonnes oeuvres», explique la religieuse, qui est également supérieure provinciale en Birmanie des religieuses de Notre Dame des Missions.
Asie: le continent de tous les records
Dans le continent asiatique le catholicisme fait figure de modernité et l’Eglise connaît un très fort développement. En 2014, selon l’agence d’information du Vatican fides, l’Asie a vu le nombre de religieux et religieuses augmenter de 3’074 par rapport à 2013. Une augmentation constante depuis plusieurs années et aujourd’hui largement supérieure à celle de l’Afrique. Pourtant, les catholiques restent minoritaires sur ce continent, à l’exception des Philippines et du Timor oriental. De même que l’Eglise catholique elle-même, la vie religieuse est toujours largement considéré comme étrangère ou occidentale. Selon le Frère Samuel Canilang, directeur de l’institut pour la vie consacrée en Asie (ICLA), «elle doit encore prouver son identité asiatique».
Philippines: toujours une terre de mission
Les premiers religieux arrivés aux Philippines sont les augustiniens en 1565. Puis les franciscains en 1578 et les jésuites en 1581. Pour se projeter dans le futur les religieux doivent d’abord faire mémoire de leur passé, déclare le frère dominicain Rolando de la Rosa, ancien recteur de l’Université Saint Thomas. Aujourd’hui, le pays compte un peu plus de 7’300 prêtres, dont environ 2’300 sont des religieux et 1’300 des Philippins. Le pourcentage élevé de religieux étrangers est le signe, selon le Frère de la Rosa, que ce pays, principal état catholique d’Asie, reste une terre de mission.
Indonésie: moins de religieux, plus de prêtres
En Indonésie, le nombre de vocation religieuse et sacerdotale était en augmentation depuis 1962, année durant laquelle la conférence épiscopale indonésienne a vu le jour. Le Frère franciscain Adrianus Sunarko, président de la Conférence des supérieurs religieux d’Indonésie, constate que la majorité des religieux ont dans la quarantaine, alors que le nombre de jeune gens qui entrent dans la vie religieuse est en diminution. Pour le Frère Sunarko, le manque de témoignages de la part des consacrés, ainsi que le peu de promotion de la vie religieuse sont en cause. «Les jeunes gens ne connaissent pas le travail des religieux et ne sont pas impressionnés par ce qu’ils font».
Cependant le nombre de séminaristes est en augmentation. L’Indonésie compte 2’000 prêtres diocésains dont la plupart ont dans la trentaine. Dans les dernières années, les églises locales ont ordonnés annuellement environ 300 prêtres. Actuellement 2’500 futurs prêtres étudient dans 14 séminaires. Le Frère Siprianus Hormat, secrétaire général de la commission des séminaires d’Indonésie, explique qu’il faut se concentrer sur la formation des jeunes prêtres, en raison de leur «penchant pour un style de vie hédoniste».
Birmanie: la jeunesse tentée par l’émigration
En Birmanie, les réformes démocratiques gouvernementales en cours pourraient impacter le nombre de vocations. Sœur Rita Phyo, secrétaire générale de la Conférence catholique des religieux de Birmanie, explique que l’améliorarion de la situation politique birmane offre plus de possibilités à la nouvelle génération. «Avec l’ouverture politique, les jeunes s’ouvrent au monde, et quittent le pays s’ils trouvent un travail intéressant ailleurs». Selon des statistiques récentes il y a environ 2’700 religieuses et 321 religieux en Birmanie, avec une moyenne d’âge autour de 40 ans.
Vietnam: un contrôle toujours strict
Pour le Vietnam, c’est une histoire différente. Frère Joachim Nguyen Huu Van, de l’Institut du cœur de Jésus, explique que les vocations sont nombreuses, en particulier dans le nord du pays. «Nous avons beaucoup de prêtres. Dans un seul diocèse il y a 200 nouveaux prêtres et environ 200 séminaristes chaque année».
Mais malgré la présence historique importante des religieux au Vietnam, le contrôle étatique reste très strict aujourd’hui. La plupart des religieux ne peuvent être actifs que dans le travail caritatif, comme les orphelinats et maisons de retraite pour personnes âgées, et le catéchisme pour les enfants. Frère Huu Van espère que dans le futur, «le gouvernement va autoriser l’ouverture d’écoles tenues par des religieux». Il espère également qu’à l’avenir, le Vietnam contribue à l’évangélisation en Chine, au Laos et au Cambodge.
Thaïlande: vocations en baisse
En Thaïlande, où les catholiques ne sont qu’une petite minorité de la population, les religieux ont un rôle particulièrement vital à jouer. «Les vocations sont en baisse, mais cette diminution peut être contrecarrée par l’engagement des religieux à suivre plus fidèlement leur vocation», déclare l’évêque de Chanthaburi, Silvio Siripong Charatsri. Selon lui «cela ne suffit plus de se contenter d’enseigner, les religieux doivent devenir les témoins de ce qu’ils croient».
La formation cruciale pour l’avenir
L’éducation est un facteur déterminant pour le développement futur de la vie religieuse dans le sud-est de l’Asie. Samuel Canilang de l’ICLA témoigne «du manque de formateurs, guides spirituels et professeurs qualifiés et expérimentés», tout particulièrement dans les églises émergentes comme le Vietnam, la Birmanie, le Laos et le Cambodge. «Nous avons affaire à des jeunes qui sont très différents, par de nombreux aspects, de leurs aînés. De plus ils doivent être préparés pour évangéliser dans des contextes de plus en plus complexes», ajoute-t-il.
De la même manière, proposer une éducation de qualité aux sociétés du sud-est asiatiques va continuer à être une partie indispensable de la nouvelle évangélisation. «Nous considérons les institutions d’enseignement supérieur catholique comme des cadeaux précieux de Dieu à l’Eglise et à la société», déclare le président de la conférence épiscopale des Philippines, mgr Lingayen-Dagupan. «L’éducation est importante et elle a un coût, mais c’est aussi une manière d’aider les pauvres, en leur fournissant la meilleur éducation dont le pays ait besoin», explique le jésuite José Quilongquilong, président de la faculté de théologie Loyola de Manille. «Pour vraiment servir les pauvres, nous devons renforcer l’éducation» ajoute-t-il. (cath.ch-apic/ucanews/ce)