Arménie: Le monastère de Khor Virap, principal lieu saint de la première nation chrétienne    

Au dernier jour de son voyage en Arménie, la première nation à s’être convertie au christianisme, le pape François se rendra au monastère de Khor Virap, l’un des principaux sanctuaires du pays. Sur les traces de Jean Paul II, le pontife argentin participera à une prière œcuménique au côté du catholicos de l’Eglise apostolique arménienne Karékine II, et il plaidera pour la paix, à deux pas de la frontière turque.

Pour la dernière étape de son 14e voyage apostolique, dans l’après-midi du 26 juin 2016, le pape François passera donc moins d’une heure dans le monastère de Khor Virap, à l’architecture austère, à 40 kilomètres au sud d’Erevan. Khor Virap signifie ›fosse profonde’ en arménien. C’est la prison où Grégoire Loussavoritch – dit l’Illuminateur – assistant chrétien du roi Tiridate IV, a été enfermé pour avoir refusé d’honorer le culte païen, à la fin du 3e siècle. Selon la légende, il aurait été secrètement nourri par une veuve pendant 13 ans. Suite aux persécutions contre les chrétiens ordonnées par l’empereur Dioclétien, le roi Tiridate IV serait devenu fou.

Ancienne résidence des catholicos

L’entourage du roi, inspiré par un songe, rappelle alors Grégoire qui le guérit et pardonne ses crimes. Le roi d’Arménie est baptisé par Grégoire l’Illuminateur entre les années 301 et 314, et à sa suite, toute l’Arménie se convertit au christianisme, la religion d’Etat étant alors déterminée par celle du monarque. Marié, Grégoire consacre son propre fils évêque avant de se retirer dans une grotte. Sa descendance structurera plus tard l’Eglise arménienne.

La chapelle construite sur le lieu de la captivité du saint patron du pays devint au 7e siècle un complexe monastique, qui reste encore en activité de nos jours. Au 13e siècle, il devient un centre universitaire produisant de nombreux manuscrits. Reconstruit au 17e siècle suite à un tremblement de terre, il a abrité un séminaire et la résidence officielle des catholicos.

Le monastère fortifié se trouve sur un promontoire calcaire au milieu d’une plaine viticole à une quarantaine de kilomètres de la capitale Erevan. Le clocher se découpe sur les neiges éternelles du mont Ararat, symbole de l’irrédentisme arménien et point culminant de la Turquie. Selon la tradition orale, l’arche de Noé se serait échouée sur ce sommet après le déluge décrit par l’Ancien Testament. Les pierres noircies par la flamme des bougies témoignent de la ferveur des nombreux pèlerins. Ce lieu figure même en esquisse sur le logo officiel de la visite du pape François.

La lampe de Jean Paul II

Lors de sa visite en Arménie en septembre 2001, Jean Paul II avait également terminé son pèlerinage par Khor Virap. Le pontife polonais avait ensuite ramené par avion une lampe allumée au feu du monastère qui brûle dans le puits depuis 1700 ans. Là où descend chaque 1er janvier le catholicos pour y remonter avec une flamme. Aujourd’hui, la lampe de Jean Paul II, «symbole de la foi avec laquelle Grégoire illumina les Arméniens», brûle dans la petite chapelle de la salle du Synode des évêques, au Vatican. (cath.ch-apic/imedia/gjes/rz)

Le monastère de Khor Virap, au pied du Mont Ararat, en Arménie (photo Jacques Berset)
25 juin 2016 | 16:12
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 2  min.
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