Argentine: Les responsables religieux solidaires des pauvres et des exclus
Alors que l’économie argentine est en récession et que les programmes d’austérité frappent en premier lieu les plus pauvres, les principales communautés religieuses du pays proposent de «revitaliser la démocratie».
Dans un appel commun, elles profitent de l’échéance des élections d’octobre 2019 pour «engager un dialogue sur notre présent et notre futur».
En Argentine, l’Institut national des statistiques et des recensements (INDEC) signale que la pauvreté en Argentine continue d’augmenter dans un contexte de crise sociale aigüe. La pauvreté touchait déjà 27,3% de la population au premier semestre 2018, mais le président argentin Mauricio Macri a admis que la pauvreté allait encore augmenter dans le courant 2019.
La démocratie ne peut être réduite à un acte électoral
A l’occasion du processus électoral, les principaux leaders des plus importantes communautés religieuses du pays ont rédigé une déclaration commune affirmant qu’il «est nécessaire de revitaliser la démocratie, en ne le réduisant pas à un acte électoral».
Car, dans ce cas, «la démocratie s’atrophie, perd sa représentativité, se désincarne en excluant le peuple dans sa lutte quotidienne pour la dignité et pour la construction de son destin».
«Peuple acteur de son histoire»
Les signataires du document appellent les politiques à «collaborer pour que le peuple soit acteur de son histoire» et qu’ainsi on évite que les «classes dominantes» persistent à croire qu’elles peuvent tout résoudre. Ce document, signé par des représentants de différentes communautés religieuses, avec des trajectoires, des positions sociales et culturelles différentes, constitue un acte aussi peu commun que significatif dans le contexte national.
«Pas de liberté sans fraternité»
Dans le document, les religieux affirment «qu’élire des autorités nous donne une opportunité idéale pour dialoguer sur notre présent et notre futur, qui représente l’espoir que nous avons pour tout notre pays».
Ils soulignent que chaque projet politique doit avoir comme méthodologie «de se préoccuper de ceux qui souffrent le plus de la pauvreté et de l’exclusion». Pour les signataires, il n’existe pas de véritable liberté sans fraternité, «et cela ne peut exister sans la réalisation concrète des droits sociaux».
Continuité des politiques
Concernant le processus électoral, les religieux ont appelé les leaders à «sortir une fois pour toute de l’ère du diagnostic».
Ils relèvent que tous les habitants du pays savent cela: la pauvreté structurelle, le trafic de drogue, la création d’emploi, la protection de la vie, la crise environnementale, l’éducation inclusive, l’inflation, la protection des personnes âgées et des enfants, sont des questions qui sont résolues à travers des politiques publiques.
La politique au service de la fraternité
Malgré l’alternance politique, poursuivent-ils, «les conquêtes de chaque mandat doivent faire l’objet d’une continuité et ne pas être remises en question tous les quatre ou huit ans».
«Nous demandons aux candidats qu’ils présentent leurs idées et leurs projets avec clarté et réalisme, sans tomber dans des agressions inutiles qui finissent par discréditer les propositions», insiste le communiqué.
Diversité des signataires
Parmi les signataires du documents figurent notamment un proche du pape François, Mgr Oscar Vicente Ojea, président de la Conférence épiscopale argentine (CEA), le pasteur baptiste Ruben Proietti, président de l’Alliance chrétienne des Eglises évangéliques de la République argentine (ACIERA), le pasteur Néstor Miguez, président de la Fédération argentine des Eglises évangéliques (FAIE), Jorge Knoblovits, président de la Délégation des associations israélites argentines (DAIA) et Sumer Noufouri, président de l’Institut Islam pour la Paix. (cath.ch/jcg/be)