Les prêtres argentins Lorenzo de Vedia et Nicolas Angelotti lors d'une messe dans un musée pour la conservation de la mémoire, le 3 janvier 2025 | © Asociación de Trabajadores del Estado
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Argentine: l'Église mène la lutte contre le «révisionnisme» sur la dictature

En Argentine, le président Javier Milei s’efforce d’affaiblir la mémoire de la dictature militaire (1976-1983). L’Église catholique est l’une des institutions les plus actives pour contrer cette démarche.

Javier Milei, qui dirige l’Argentine depuis décembre 2023, a reproché à plusieurs reprises aux institutions s’occupant de préserver la mémoire de la dicature d’être remplies de «péronistes», de «gauchistes» et de «progressistes». Le président a, au cours des derniers mois, licencié des centaines d’employés de ces organismes, tels que les centres culturels et les archives de l’État.

Javier Milei a également constamment remis en question le nombre de victimes de la junte militaire qui a pris le contrôle de l’Argentine en 1976. Il affirme que le régime a été responsable de moins d’un tiers des 30’000 morts habituellement estimés.

Messe dans un ancien centre de détention

L’Église catholique, qui a été accusée pendant des décennies d’avoir été complice du régime dictatorial, est maintenant la principale institution à s’opposer à la politique de Javier Milei en la matière, relève au site américain Crux (18 janvier 2025) Fortunato Mallimaci , professeur de sciences religieuses à l’Université de Buenos Aires. «L’Église n’a pas seulement une présence sociale très importante, elle possède aussi une doctrine solide qui lui permet de fonder légitimement sa critique des politiques de Milei contre les droits de l’homme», a-t-il ajouté.

Des actions symboliques sont ainsi menées par des membres de l’Église pour sensibiliser sur cette offensive révisionniste. Le 3 janvier 2025, après le licenciement de centaines d’employés des agences de mémoire, de vérité et de justice, le Père Lorenzo «Toto» de Vedia, bien connu des bidonvilles de Buenos Aires, a célébré une messe dans le bâtiment de l’École navale de mécanique (ESMA). Il s’agissait d’un important centre de détention illégale pendant le régime, qui sert aujourd’hui de musée et de lieu de mémoire. La célébration a été demandée par l’évêché de Buenos Aires.

Des «preuves» détruites?

L’un des groupes présents à cette messe était celui des «Curas Por la Opción Por Los Pobres» (Prêtres pour l’option en faveur des pauvres), qui est l’une des organisations catholiques les plus virulentes contre Javier Milei. L’un de ses membres, le Père Francisco «Paco» Olvera, craint que des documents pertinents et d’autres objets soient détruits dans la vague d’attaques contre les institutions de la mémoire. «Ils sont en train de fermer ces entités et nous ne pouvons pas savoir ce que nous retrouverons lorsqu’elles seront éventuellement rouvertes», a déclaré le Père Paco à Crux.

Outre les attaques sur la mémoire, l’Église a critiqué les réformes économiques de Javier Milei dès le début de son mandat. Le président a ordonné de nombreuses coupes dans les pensions et les programmes d’aide aux plus démunis. (cath.ch/crux/arch/rz)

Les prêtres argentins Lorenzo de Vedia et Nicolas Angelotti lors d'une messe dans un musée pour la conservation de la mémoire, le 3 janvier 2025 | © Asociación de Trabajadores del Estado
20 janvier 2025 | 17:05
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 2  min.
Argentine (193), Dictature (22), Javier Milei (15), politique (168)
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