Argentine: La mobilisation de l’Église contre les abus sexuels critiquée
Deux archevêques argentins sont critiqués par l’Ordre des Avocats pour la création d’une structure spécifique destinée à recevoir les accusations d’abus sexuels commis par des prêtres et autres membres de l’Église catholique.
Une plainte a été enregistrée contre Mgr Eduardo Martin et Mgr Sergio Fenoy, respectivement archevêques de Rosário, et de Santé Fé, quelques jours après que ces derniers ont annoncé «la mise en place d’un système permettant de recevoir les accusations pour des crimes sexuels commis par des prêtres et autres membres de l’Église catholique ».
L’initiative des deux prélats, rendue publique le 8 juillet, s’inscrit dans les préconisations du Pape François sur le thème de la lutte contre les abus sexuels commis au sein du clergé. L’an dernier, à travers son texte «Vous êtes la lumière du monde», le pape avait en effet demandé que les conférences épiscopales mettent en place de telles structures d’accueil.
Initiative «questionnable»
«C’est une usurpation du rôle de l’État, a réagi Maître Carlos Ensink, président de l’Ordre des Avocats de Rosario. En agissant ainsi, ces deux archevêchés tentent de se substituer au Ministère Public, qui est l’organisme qui doit recueillir les plaintes et crimes». L’avocat estime que la création d’un tel secteur de la part de l’Église revient à «abolir l’État de droit», et considère «extrêmement questionnable que des employés de l’Église assument la responsabilité d’enregistrer des plaintes contre des prêtres ou autres religieux».
Pas de substitution à la Justice
Plusieurs membres de l’Église ont jugé «grotesque» l’accusation du président de l’ordre des avocats de Rosario. Parmi eux, Mgr Emilio Cardarelli, vicaire général de Rosario a assuré, dans une lettre ouverte, que «la mise en place d’un système destiné à recevoir les dénonciations de crimes sexuels commis par des membres de l’Église ne prétendait en aucune façon se substituer aux services régaliens de l’État, en particulier la Justice, unique entité compétente dans ce domaine».
«Décisions disciplinaires»
Le document, lu dimanche lors de la célébration des messes dans l’ensemble du diocèse, rappelle que «la lutte contre les abus sexuels est du domaine de la compétence de l’État» et que l’objectif d’une telle initiative est «d’adopter des décisions administratives et disciplinaires dans son propre champs d’action». (cath.ch/jcg/mp)