Appel des ultra-conservateurs contre l'interdiction des messes

Des personnalités catholiques ultra-conservatrices, dont plusieurs cardinaux et évêques, réclament, dans une lettre ouverte, la fin de l’interdiction des cultes dans les pays frappés par le coronavirus. Dans ce texte aux relents complotistes, ils dénoncent le risque de ‘gouvernement mondial hors de contrôle.’

Lancée à l’initiative de Mgr Carlo Maria Vigano, ancien nonce aux Etats-Unis, et opposant déclaré au pape François, cette pétition se présente comme un «appel pour l’Église et pour le monde aux fidèles catholiques et aux hommes de bonne volonté». Ce long texte, diffusé en sept langues et placé sous le patronage de l’archange Michel terrassant le démon, se distingue par sa virulence et sa tonalité complotiste, relève le quotidien La Croix. Il a été relayé en France par l’hebdomadaire Valeurs Actuelles.

Trois cardinaux parmi les signataires

L’ancien nonce apostolique aux États-Unis a convaincu plusieurs dizaines de personnalités de signer cette pétition. Parmi les premiers signataires figurent les cardinaux Gerhard Ludwig Müller, ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le Chinois Joseph Zen, très critique de la politique du pape François envers Pékin et le Letton Janis Pujats, évêque émérite de Riga. Le cardinal Robert Sarah, d’abord annoncé comme signataire, s’est clairement distancé de la démarche.

Parmi les signataires figurent plusieurs évêques, des prêtres ainsi que des scientifiques, médecins, journalistes, avocats ou responsables associatifs qui ont tous en commun une sensibilité conservatrice. La liste complète représente un véritable ‘who’s who’ international des opposants au pape François.  

«Gouvernement mondial»

Le texte affirme que «sous prétexte de l’épidémie (…) les droits inaliénables des citoyens ont été violés, en limitant d’une manière disproportionnée et injustifiée leurs libertés fondamentales.» Les signataires voient dans la crise actuelle «un prélude inquiétant à la création d’un gouvernement mondial hors de tout contrôle.» Selon eux, «il existe des pouvoirs forts intéressés à créer la panique parmi la population dans le seul but d’imposer de façon permanente des formes de limitation inacceptables de la liberté.»

A plusieurs reprises, ils reprennent des arguments qui circulent abondamment sur des sites populistes ou complotistes. Ils affirment que «les doutes croissent quant à l’effective contagiosité, à la dangerosité et à la résistance du virus», pointant seulement la responsabilité des médias dans la tonalité alarmiste des messages diffusés. Sans plus de précision, ils dénoncent aussi «des censures», note La Croix.  

Avec ou contre le Christ

Le texte s’attarde sur la question de la reprise des cultes. «L’Etat, écrivent-ils, n’a pas le droit de s’ingérer, pour quelque raison que ce soit, dans la souveraineté de l’Eglise.» Ils demandent la suppression des limitations imposées jusqu’à présent et refusent à l’autorité civile «tout droit à interdire (…) le culte public.» S’adressant plus spécifiquement aux croyants, ils les enjoignent de «choisir (leur) camp: avec le Christ, ou contre le Christ.» (cath.ch/cx/mp)