Appel de Mgr Morerod pour la création de la plateforme «Dignité et développement»

Fribourg, 2 juin 2013 (Apic) Suite à la suppression brutale, en 2013, du mandat de la «Commission Tiers Monde de l’Eglise catholique à Genève» (COTMEC), qui avait suscité des remous bien au-delà de la cité de Calvin, Mgr Charles Morerod a pris les choses en mains. Il lance le 1er juin 2015 un appel pour la création au niveau diocésain d’une plateforme qui devrait s’intituler «Dignité et développement».

L’évêque de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF) a lancé un groupe de travail dont le but est de mettre sur pied une plateforme de réflexion sur les réalités d’injustice et de pauvreté, à la lumière de l’enseignement social de l’Eglise. Il invite toute organisation ou personne intéressée à prendre part à l’assemblée constitutive, le 5 septembre 2015 à l’Université de Fribourg.

La création de la plateforme «Dignité et développement» aura lieu – heureux hasard du calendrier – en cette année où sont célébrés les 50 ans de la constitution conciliaire «Gaudium et Spes», relève Mgr Morerod. L’évêque rappelle qu’il participe à un groupe de travail qui élabore ce projet depuis le début de 2014.

Agir localement, penser globalement

L’idée est simple, souligne-t-il: «Nous avons besoin d’un espace de réflexion qui nous permette d’aller au-delà des urgences, de l’aide immédiate pour inscrire les interventions immédiates dans le long terme. Nous avons aussi besoin de situer la diaconie, l’aide sociale menée ici dans le contexte de la mondialisation, donc de penser globalement ce que nous faisons localement».

Mgr Morerod relève l’importance d’approfondir la pensée sociale chrétienne «qui est à la fois le fondement et le fruit de l’engagement pour le bien commun, pour la justice et la paix». Sachant que de nombreuses personnes et institutions travaillaient à ces questions sans se concerter, il lui a semblé utile de favoriser les synergies entre des approches différentes.

Une plateforme ouverte à des personnes et organismes d’autres confessions

Si l’initiative de cette plateforme est prise maintenant dans le cadre du diocèse de LGF, l’évêque précise que cette démarche s’adresse aussi à des personnes et organismes d’autres confessions et d’autres régions du pays. Pour Mgr Morerod, une telle entreprise ne peut pas être menée en petit comité, entre «experts» uniquement, et il importe de réunir des praticiens et des scientifiques ainsi que des personnes engagées sur la scène internationale et des acteurs locaux. «D’où l’idée d’une plateforme à géométrie variable». Il propose la création d’une association avec les personnes et organisations intéressées. L’assemblée du 5 septembre permettra de mettre sur pied un comité chargé de rédiger des statuts.

 


Encadré

Des anciens de la COTMEC dans le groupe de travail préparatoire

Les personnes engagées avec l’évêque de LGF dans le groupe de travail préparatoire sont: Michel Bavarel (COTMEC – Commission Tiers Monde de l’Eglise catholique à Genève); Paul Dembinski, professeur de gestion à l’Université de Fribourg et directeur de l’Observatoire de la finance; Claude Fol (ancien président de la COTMEC); Jean-Claude Huot (Département Solidarités de l’Eglise catholique dans le canton de Vaud); Wilma Jung (COTMEC); Sonja Kaufmann (Action de Carême); Patrice Meyer-Bisch (Institut interdisciplinaire d’éthique et de droits de l’homme de l’Université de Fribourg); Sylvie Roman (Groupe de coopération missionnaire de Suisse romande); Yannick Salomon (Unité pastorale Notre-Dame de Compassion à Bulle). JB


Encadré

COTMEC, le couperet de 2013

L’annonce de la décision du bureau du Conseil pastoral cantonal de l’Eglise catholique romaine à Genève, communiquée à la fin du mois de juin 2013 par l’évêque auxiliaire Pierre Farine, de retirer le mandat confié à la COTMEC, avait provoqué un choc et une vague de protestation. Le bureau du Conseil pastoral cantonal et le conseil du Vicariat étaient arrivés à la conclusion que la COTMEC «n’avait plus lieu d’être sous sa forme actuelle». Tous deux estimaient que les soucis portés par la COTMEC l’étaient «par d’autres services ou organisations comme l’Action de Carême, par exemple». Il faut noter qu’avec ses prises de positions engagées sur le secret bancaire, le négoce international, la migration ou la crise écologique, la commission n’avait pas manqué de susciter les récriminations de certains milieux politico-économiques genevois.

Créée en 1968 par des chrétiens (laïcs et prêtres) soucieux de «porter à plusieurs la préoccupation d’un monde plus solidaire», la COTMEC reçut dès l’année suivante un mandat des autorités de l’Eglise catholique à Genève afin de sensibiliser l’opinion publique aux questions de solidarité, de justice, de paix, de promotion des droits de l’homme et de sauvegarde des bases de la vie. Après 45 ans de bons et loyaux services, la COTMEC, actrice importante, à Genève et au-delà, de toutes les questions liées aux rapports Nord Sud, se voyait ainsi désavouée. Mgr Charles Morerod avait alors proposé que cet instrument de conscientisation au sein de l’Eglise et de la société devienne romand. JB

 


Encadré

Fondation dans le cadre du colloque «Le bien commun: entre passé et avenir»

Le lancement de la plateforme «Dignité et développement» aura lieu dans le cadre du colloque «Le bien commun: entre passé et avenir», qui se tiendra au 3 au 5 septembre à l’initiative de l’Association internationale pour l’enseignement social chrétien (AIESC), sous la houlette des Facultés de théologie et des sciences économiques et sociales de l’Université de Fribourg, avec la Fondation «Caritas in Veritate» à Genève. Le colloque est placé sous le haut patronage de Mgr Morerod, évêque de LGF, et de l’archevêque Justin Welby, primat de l’Eglise anglicane. (apic/be)

 

 

 

Mgr Charles Morerod lors de la Nuit des Musées à l'évêché de Fribourg, le 30 mai 2015
2 juin 2015 | 15:12
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 4  min.
Partagez!