Appel au boycott du «message pour les droits de l'homme» de Mgr Huonder
L’Alliance «Es reicht!» (Ça suffit), qui regroupe des catholiques de tendance progressiste de Suisse alémanique, a appelé au boycott du message pour la Journée des droits de l’homme (le 10 décembre) de Mgr Vitus Huonder, évêque de Coire. Ce dernier a fait rédiger la lettre par l’écrivaine allemande Birgit Kelle, opposée à la «théorie du genre».
«Une méchante polémique contre les droits humains et contre la tolérance». C’est ainsi que l’Alliance «Es reicht!» a qualifié dans un communiqué du 1er décembre 2017 le message présenté par Mgr Huonder. Sur une dizaine de pages, Birgit Kelle critique tour à tour les programmes d’éducation sexuelle, accusés de «détruire l’identité» des enfants, l’avortement ou encore le phénomène des mères porteuses, décrit comme «un service perfide» qui serait «souvent utilisé» par les couples homosexuels.
Un message qui nuit à la cohésion?
Pour «Es reicht!», les théories de l’écrivaine relèvent du «plus pur fondamentalisme». La coalition de groupes catholiques demande donc aux prêtres du diocèse de Coire de ne pas lire la lettre lors des messes, le dimanche 10 décembre, Journée internationale des droits de l’homme, comme il est de coutume dans les diocèses. Elle suggère aux agents pastoraux de se référer à d’autres documents plus «pertinents» par rapport au thème des droits humains. L’Alliance cite notamment la lettre commune des trois Eglises nationales, à laquelle Mgr Huonder ne s’est pas associé.
A ce propos, Martin Kopp, vicaire général du diocèse de Coire pour la Suisse centrale, a précisé que l’évêché n’exigeait ni ne souhaitait que le message en question soit lu par les agents pastoraux lors de cette journée.
Dans le quotidien Luzerner Zeitung du 5 décembre 2017, Markus Heil le membre de l’Alliance «Es reicht!», s’agace en outre du fait que Mgr Huonder ne se soit pas exprimé en son nom sur le thème des droits humains. Il reproche de plus à l’évêque de ne pas œuvrer pour la cohésion des fidèles. Les thèses de Birgit Kelle éloigneraient encore davantage les unes des autres, selon lui, les diverses sensibilités de catholiques dans le diocèse.
Discrédit de la recherche scientifique?
Interrogé par le journal lucernois, le porte-parole du diocèse de Coire, Giuseppe Gracia, défend la démarche de l’évêque. Fondamentalement, Birgit Kelle développe, selon le chargé de communication, les mêmes opinions que le pape François concernant les questions de genre. Les positions de l’écrivaine sur les mère porteuses et l’avortement seraient en outre totalement compatibles avec l’enseignement de l’Eglise catholique. «Celui qui qualifie ces thèses de fondamentalistes ou de contraires aux droits de l’homme dit, en substance, que le pape et l’Eglise catholique sont fondamentalistes», affirme Giuseppe Gracia.
Un avis que ne partage pas Markus Heil: «Je pense que le pape François n’approuverait pas le style polémique de Birgit Kelle». Lorsqu’on discrédite, comme le fait le diocèse de Coire, toute une branche de la recherche sociologique, on ne rend pas justice aux mérites de la science, déplore le membre de «Es reicht!». (cath.ch/lz/kath/sys)