Serbie: Le patriarche serbe Irénée s'oppose à l’accord entre Belgrade et Pristina
Appel au président et aux parlementaires serbes pour qu’ils renoncent
Belgrade, 24 avril 2013 (Apic) Le patriarche de Serbie Irénée et le Saint-Synode de l’Eglise orthodoxe serbe ont lancé le 22 avril 2013 un appel au président et aux parlementaires serbes pour qu’ils renoncent à signer l’accord conclu le 19 avril avec le Kosovo, paraphé à Bruxelles. Les relations entre Belgrade et Pristina étaient très tendues depuis la proclamation de l’indépendance du Kosovo, qui s’est séparé unilatéralement de la Serbie en février 2008.
Si l’Eglise serbe ne parle pas de «pur abandon», elle dénonce à tout le moins «une espèce de vente de notre propre territoire séculaire, le plus important pour nous dans le sens spirituel et historique» à l’occasion du paraphe de l’accord à Bruxelles. Elle déplore que la Serbie ait signé un accord avec «le président du gouvernement du Kosovo, en l’espèce une personne se trouvant sous un mandat d’arrêt émis par la Serbie».
L’impression dont ne peut se défaire l’Eglise serbe «est qu’il s’agit du retrait total de la présence institutionnelle de la Serbie de son territoire du sud et de la mise en place d’une autonomie limitée pour la communauté serbe se trouvant au nord du pont sur le fleuve Ibra à Kosovska Mitrovica».
La chose est aggravée, aux yeux du patriarche Irénée et du Saint-Synode, par l’assentiment de la direction de l’Etat serbe au bon déroulement du processus de l’intégration européenne du Kosovo. Or, il n’y a aucun doute pour l’Eglise serbe que le prix à payer pour l’entrée éventuelle de la Serbie dans l’Union européenne sera la reconnaissance formelle du Kosovo indépendant par la Serbie et l’obligation pour celle-ci de ne pas empêcher le Kosovo d’occuper un siège aux Nations Unies.
Appel à résister «au diktat de la force et de l’injustice»
Le patriarche Irénée et le Saint-Synode en appellent aux représentants à l’Assemblée nationale de Serbie et au président serbe afin qu’ils mesurent et pèsent «devant Dieu, devant l’histoire du peuple serbe et devant leur propre conscience, leur responsabilité morale et historique au moment de décider ou de refuser l’approbation de la Serbie en tant qu’Etat à un tel texte d’accord». Ils demandent «au peuple serbe qui est resté et a survécu dans ses foyers séculaires du Kosovo et de la Métochie et aussi au reste du peuple serbe, où qu’il vive, à ne pas reconnaître, quelle que soit la décision de la direction de l’Etat serbe, le diktat de la force et de l’injustice, mais de considérer le Kosovo et la Métochie, toujours et pour toujours, comme sa terre, sans nier pour autant, en aucune façon, le fait que c’est également la terre de ces Albanais qui y vivent depuis des siècles ensemble avec les Serbes». (apic/com/be)