Antioche, durement frappée par le séisme
La ville d’Antakya, anciennement Antioche, n’a pas été épargnée par le séisme de magnitude 7,8 qui a frappé la Turquie et la Syrie le 6 février 2023. Située à 200 kilomètres de l’épicentre, «la situation y est dramatique. Des bâtiments entiers se sont effondrés, des mosquées et des églises ont été détruites. Il y a des morts, des personnes ensevelies sous les décombres», témoigne le Père Domenico Bertogli.
«Notre paroisse est restée debout. C’est un bâtiment bas qui a résisté à l’impact des secousses. Mais la mosquée et le minaret qui étaient juste à côté se sont effondrés. Deux importantes mosquées de la ville ont également été détruites, ainsi que l’église orthodoxe et l’église protestante», a précisé à l’agence Fides le Père Bertogli.
Une paroisse transformée en refuge
Frère capucin de Modène, le Père Bertogli, 86 ans, a été curé de la communauté catholique d’Antakya de la fin des années 1980 à 2022, dans la province de Hatay, au sud-ouest de la Turquie. Il vit à présent à Istanbul mais est en contact quotidien avec le Père Francis qui lui a succédé.
La petite paroisse Saints Pierre et Paul a ouvert ses portes pour accueillir les familles déplacées vivant à proximité. «Elles se sentent plus en sécurité, car la paroisse dispose d’un jardin qui offre une issue de secours immédiatement accessible, en cas de nouvelles secousses. Il y a un besoin de nourriture, de tentes et de couvertures. Tout est nécessaire», rapporte le frère capucin. «Il fait un froid glacial, il n’y a pas de lumière, pas d’eau, les fours à pain ont été détruits, les magasins sont fermés. Les rues, pleines de débris, sont impraticables même pour les véhicules de secours. Ils me disent qu’au moins la moitié de la ville est détruite ou a subi de graves dommages, surtout dans la partie la plus ancienne.»
Türk Katolik Kilisesi
Le Père Bertogli a inauguré il y a de nombreuses années la paroisse Saints Pierre et Paul, dans une ville imprégnée des souvenirs de la première prédication apostolique.
Il l’a établie dans deux vieilles maisons restaurées de l’ancien quartier juif, où se concentraient vraisemblablement aussi les habitations des premiers chrétiens de la ville. Il avait fait graver alors, sur la pierre au-dessus de la porte, l’inscription Türk Katolik Kilisesi (Eglise catholique turque), pour faire savoir à tous que le christianisme n’est pas une foi étrangère à la Turquie moderne.
Le capucin a aussi opéré durant toutes ces années un important travail de rapprochement avec les orthodoxes. Ainsi depuis 1988, munis d’une autorisation accordée par le Saint-Siège, les catholiques d’Antioche célèbrent les fêtes de Pâques aux dates fixées par le calendrier orthodoxe. (cath.ch/fides/lb)
Une communauté chrétienne aussi ancienne que le christianisme
Le nom donné à la paroisse catholique Antakya, saints Pierre et Paul, commémore le séjour des deux apôtres à Antioche sur l’Oronte. Après la mort et la résurrection du Christ, l’apôtre Pierre s’y était établi pour un long moment. C’est là aussi que Pierre et Paul se sont disputés à propos de la prétention du premier à imposer la circoncision et d’autres observances juives aux nouveaux baptisés issus du paganisme. C’est encore à Antioche que, selon les Actes des Apôtres, ceux qui suivaient et aimaient Jésus ont été appelés «chrétiens» pour la première fois.
Depuis le milieu du 19e siècle, la fête des saints Pierre et Paul est célébrée chaque année le 29 juin sur le site de la grotte-église de Saint-Pierre à Antioche. Une cérémonie à laquelle est habituée la population locale, mais qui ne va pas toujours de soi, car le lieu a un statut de musée géré par les autorités turques. LB