Une personnalité complexe et controversée

Angleterre: Le cardinal John Henry Newman peut-être bientôt béatifié

Londres, 12 mars 2009 (Apic) Anglican converti au catholicisme à l’âge de 45 ans, universitaire et homme de spiritualité, le cardinal John Henry Newman (1801-1890) pourrait être béatifié ces prochains temps. Malgré la polémique qui le vise. Né à Londres, il fut avant sa conversion l’une des figures principales du Mouvement d’Oxford, qui tenta de rapprocher l’Eglise d’Angleterre de ses racines catholiques romaines.

Le conseil des médecins, au sein de la Congrégation pour les causes des saints à Rome, a en effet statué de façon positive, le 24 avril 2008, sur un miracle accordé à l’intercession de ce pasteur anglican converti au catholicisme. Le miraculé, Jack Sullivan, 69 ans, est diacre permanent de Marshfield, près de Boston, dans le Massachusetts (USA). Il souffrait de très graves troubles de la moelle épinière jusqu’au 15 août 2001 où il a été guéri de façon inexpliquée. Déclaré vénérable par la Congrégation pour les causes des saints en 1991, le cardinal John Henry Newman avait quitté l’Eglise anglicane en 1845 pour rejoindre l’Eglise de Rome et créer en 1848 l’oratoire de saint Philippe Néri en Angleterre. Cette déclaration de la ’Consulta medica’ ouvre ainsi la voie à la reconnaissance officielle du miracle.

Bien qu’opposé, lors du premier concile du Vatican (1869-1870), à la doctrine de l’infaillibilité pontificale, Newman, prélat anglican converti, est fait cardinal par Léon XIII en 1879 pour l’ensemble de son oeuvre. Homme de spiritualité et universitaire de premier ordre, le cardinal a toujours été soucieux d’une véritable «ecclésialité», en tentant de rapprocher l’Eglise anglicane de ses racines catholiques. Son patrimoine spirituel et liturgique a, selon les propos tenus à l’Apic par Grégory Solari, éditeur à Genève des textes de Newman en français, gardé toute sa pertinence aujourd’hui. Le pape Jean Paul II a déclaré le cardinal Newman «vénérable» en 1991.

Théologien, historien, philosophe, prédicateur, romancier, poète, accompagnateur et guide spirituel, Newman est l’auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages et d’une vaste correspondance d’un grand intérêt, selon son éditeur français.

Personnalité riche et ambiguë

L’oeuvre du cardinal est certes reconnue, mais sa vie est faite d’échecs et de tristesses. Souvent calomnié, il s’est retrouvé seul, n’ayant pour amis que quelques convertis comme lui de l’anglicanisme au catholicisme. Les anglicans ne lui ont pas pardonné sa conversion. De plus, ses «allures maniérées» et son amitié avec Ambrose St-John ont fait jaser les milieux gays anglais. Le fait qu’il ait été enterré auprès de son ami – dans la même tombe – a fait dire qu’il était homosexuel. Newman lui-même dit qu’il avait aimé Ambrose St-John «d’un amour aussi fort que celui duquel tout homme aime sa femme». Cela a pu effectivement en laisser songeur plus d’un.

Et tout dernièrement, lors de l’exhumation du corps, les responsables de l’Eglise n’ont rien trouvé. L’éditeur français de Newman explique cela par la qualité de la terre, qui est très humide. Mais la question de la sainteté du cardinal est reposée. C’est peut-être pour cela que Rome tarde à le béatifier.

Profondément marqué par une expérience spirituelle vécue à l’âge de 15 ans, John Henry Newman passe presque trente ans de sa vie à l’Université d’Oxford comme étudiant puis comme enseignant et chercheur, mais aussi comme pasteur, devenant le prédicateur le plus écouté et le plus influent de tout le pays. Ses «Sermons paroissiaux», publiés en huit volumes, restent un des sommets de la prédication chrétienne des deux derniers siècles, relève l’Association Française des Amis de Newman. (Cf. www.jhnewman-france.org). (apic/js)

12 mars 2009 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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