Amoris laetitia: le débat reprend
Dans une revue de théologie argentine recensée par L’Osservatore Romano du 22 août 2017, Mgr Victor Manuel Fernández, recteur de l’Université catholique de Buenos Aires, défend l’exhortation apostolique Amoris laetitia face à ses contradicteurs. Ces derniers ont relancé les spéculations sur une éventuelle ›correction formelle’ du document papal.
Pour la parution de son numéro de mai à août 2017, la revue de théologie Medellín, publiée sous l’autorité du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM), a rassemblé des contributions sur le thème du magistère du pape François. Parmi elles, une analyse de l’exhortation apostolique Amoris laetitia (2016), par Mgr Victor Manuel Fernández. Celui-ci est recteur de l’Université catholique de Buenos Aires et est considéré comme très proche du pape argentin.
Intitulé ›Le chapitre 8 d’Amoris laetitia, le calme après la tempête’, cet article explique notamment que l’intention du pape était de faire bouger l’Eglise sur la question des divorcés-remariés de «façon discrète», car le pontife souhaitait que les chapitres d’Amoris laetitia sur l’amour (notamment le 6) soient centraux.
«Piège mortel»
De fait, reconnaît l’auteur, cette intention a été manquée, notamment du fait de la publication des dubia (doutes) par quatre cardinaux – Brandmüller, Burke, Caffarra, et Meisner, décédé depuis. Mais ceux qui critiquent l’exhortation sont dans un «piège mortel», affirme Mgr Fernandez, et «trahissent le cœur de l’Evangile». Le recteur argentin les accuse notamment de «pélagianisme intellectuel», référence à une hérésie condamnée par l’Eglise qui consiste à trop s’appuyer sur le libre-arbitre de l’homme pour combattre le péché.
La parution de cette revue, signalée par le quotidien officiel du Vatican, L’Osservatore Romano, intervient également après des interventions dans la presse de la part des contestataires d’Amoris laetitia.
Dans le quotidien en ligne américain The Wanderer du 14 août, le cardinal Raymond Burke, ancien préfet du Tribunal suprême de la signature apostolique au Vatican, explique ainsi ce qu’il entend par «correction formelle» à apporter à Amoris laetitia. Il s’agirait selon lui d’une affirmation de l’enseignement «clair» de l’Eglise sur les points controversés du document, en ce qui concerne le mariage, la famille, et les actes «intrinsèquement mauvais».
Réforme canonique
Le 18 août, un théologien dominicain réputé, le Père Aidan Nichols, auteur de près de 40 livres et enseignant à Oxford, a publié sur le site britannique Catholic Herald une conférence prononcée devant des membres de l’Eglise anglicane. Il y expose la nécessité d’une réforme canonique, pour permettre une telle «correction formelle» du pontife. «Tenant compte des limites prévues de l’infaillibilité papale, le droit canon devrait prévoir une procédure formelle pour examiner si le pape a enseigné des erreurs», considère-t-il.
Enfin, dans la revue allemande Die Neue Ordnung d’août 2017, un autre signataire des dubia, le cardinal Walter Brandmüller, estime souhaitable que les successeurs de Pierre publient une profession de foi catholique. Ce fut le cas dernièrement de Paul VI en 1968, avec le Credo du peuple de Dieu, comme à partir du 5e siècle. Le cardinal Brandmüller conclut en se demandant quelle conclusion peut être tirée «pour l’Eglise de notre époque». (cath.ch/imedia/ap/rz)