Le cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne (photo: Flickr Catholic Church of England and Wales CC BY-NC-SA 2.0)
Vatican

«Amoris Laetitia» change quelque chose dans le discours de l'Eglise

L’Exhortation apostolique Amoris Laetitia du pape François n’entraîne pas de «rupture» avec la tradition mais «quelque chose a changé». C’est l’analyse du cardinal autrichien Christoph Schönborn, archevêque de Vienne, qui a présenté à la presse le document post-synodal dédié à l’amour dans la famille, le 8 avril 2016 au Vatican.

Pour le cardinal Schönborn, le pape François «a placé son exhortation sous le signe d’une phrase conductrice: ›Il s’agit d’intégrer tout le monde’». Une intégration qui se décline avec deux autres mots-clés: «discerner et accompagner». Ni relativisme ni laxisme dans ce texte, aux yeux du cardinal, mais une «autocritique» sur l’attitude de l’Eglise, pour désormais rejoindre les familles «telles qu’elles sont». Ainsi, avec la «pastorale positive» prônée par le pontife, «quelque chose a changé dans le discours ecclésial».

Si l’exhortation du pape argentin propose de vraies nouveautés, elle n’est cependant pas une «rupture», a maintenu l’archevêque de Vienne devant la presse. Le pape François se situe dans la tradition et il développe avec «prudence pastorale» des éléments déjà présents implicitement dans le magistère de ses prédécesseurs.

Pas de réponses toutes faites

Pas de «normes générales» dans Amoris Laetitia, a aussi martelé le haut prélat qui en a donné une clé de lecture avec la pastorale des «petits pas sur le chemin de la vertu». A propos de l’accès aux sacrements pour les personnes en situation «irrégulière» le pape François précise dans une simple note de bas de page (351) que l’on peut aussi apporter l’aide des sacrements «dans certains cas». Un choix de discrétion qui, selon le cardinal Schönborn, appelle à ne pas «tout focaliser» sur ce sujet. Le pape veut ainsi «exposer une vision d’ensemble» et non pas «se fixer sur un point particulier».

Le chef de l’Eglise catholique ne peut pas offrir «de recettes», a aussi insisté le cardinal, car le discernement de chaque cas comprend par nature une certaine «incertitude». Sa mise en pratique étant toujours corrélée à la «conscience» de chacun, a constaté également le cardinal autrichien, des disparités pouvaient ainsi se glisser dans les situations, certains pasteurs étant plus «disponibles» et d’autres plus «sévères».

Au final, comme le pape l’écrit lui-même, Amoris Laetitia n’offre pas de réponses toutes faites mais encourage à chercher au niveau local «des solutions plus inculturées, attentives aux traditions et aux défis locaux». Le cardinal Schönborn a souhaité par exemple l’approfondissement d’autres questions, notamment celle de la pratique sacramentelle.

Le cardinal Lorenzo Baldisseri, secrétaire général du synode des évêques, a souligné quant à lui le rôle dévolu à chaque évêque qui est «le juge des fidèles» dans son diocèse. A travers un dialogue «au for interne», a-t-il expliqué, «il faut tenir compte des différents degrés de responsabilité et procéder avec discernement pastoral et responsabilité au cas par cas». (cath.ch-apic/imedia/ak/bh)

Le cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne (photo: Flickr Catholic Church of England and Wales CC BY-NC-SA 2.0)
8 avril 2016 | 16:15
par Bernard Hallet
Temps de lecture : env. 2  min.
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