Le pape pourra admire les paysages de Bolivie en juillet 2015 (Photo:Pedro Szekely/Flickr/CC BY-NC-SA 2.0)
Vatican

Amérique du Sud: Le pape prêchera la joie de l’Evangile dans des pays meurtris      

Asuncion/Rome, 01.07.15 (cath.ch-apic) Le pape François démarrera le 5 juillet 2015 l’un des plus longs et denses voyages de son pontificat: trois pays, sept avions, huit jours, et 22 discours. Ce neuvième voyage apostolique le mènera en Equateur, en Bolivie, puis au Paraguay. C’est la deuxième fois que le pape argentin se rendra sur son continent natal. Mais si la première fois, à l’été 2013, son déplacement était dédié aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) au Brésil, cette fois, c’est bien au continent latino-américain en tant que tel que le pape entend s’adresser.

Le pontife visitera un continent marqué par de multiples défis sociaux (disparités de richesses, multiethnicité, corruption, trafic de drogue), mais aussi meurtri par un passé de conflits: colonisation, dictatures et guerres inter-frontalières. Le voyage du pape François se fera donc sous le signe de la réconciliation, à travers l’évangélisation. Le thème du voyage est en effet la joie de l’annonce de l’Evangile, fortement inspiré de l’exhortation apostolique du pape Evangelii Gaudium.

Unité après un passé de conflits

Le continent latino-américain est encore marqué par une longue histoire de conflits. Les guerres d’indépendance des colonies espagnoles tout d’abord: le voyage papal survient quelques années après la célébration du bicentenaire des indépendances des divers pays d’Amérique latine (1809 pour l’Equateur et la Bolivie, 1811 pour le Paraguay).

A peine l’indépendance consommée, de nombreux conflits frontaliers éclatent. Entre le Pérou et l’Equateur, le différend frontalier, qui a éclaté en 1830, n’a trouvé sa résolution que récemment, en 1998. Aujourd’hui, un conflit frontalier vieux de 132 ans continue d’opposer le Chili et la Bolivie: cette dernière a déposé une plainte à la Cour internationale de justice à La Haye en vue de récupérer son accès souverain à la mer, perdu lors de la guerre du Pacifique (1879-1883). Un sujet que le pape devrait toutefois se garder d’évoquer publiquement pour éviter toute polémique. Enfin, un conflit particulièrement meurtrier a opposé la Bolivie et le Paraguay entre 1932 et 1935 (guerre du Chaco).

Lectures en langues amérindiennes

Face à cette histoire difficile, le pape François, partageant la même langue et les mêmes racines que les peuples des pays visités, encouragera à la «paix et à la réconciliation», assure le Père Federico Lombardi, porte-parole du Saint-Siège. Erika Farfan Mariaca, de l’ambassade du Paraguay près le Saint-Siège, explique pour sa part que le pape argentin devrait rappeler aux fidèles d’Amérique du sud le «rêve» de la «Grande Patrie», idéal d’unité des peuples américains, porté par les grands héros des indépendances sud-américaines José de San Martin et Simon Bolivar. «L’intégration latino-américaine, l’union entre ces peuples, et travailler pour faire disparaître les différences» seront les principaux messages du pontife, estime encore Erika Farfan Mariaca.

Lors des messes, une grande importance sera accordée, à travers la liturgie, aux multiples ethnies présentes dans les trois pays. Diverses communautés métisses ou amérindiennes participeront ainsi aux offrandes, de nombreuses lectures seront notamment en langues amérindiennes quechua, aymera ou guarani.

L’histoire plus récente des trois pays visités est aussi marquée par des dictatures militaires: trois épisodes en Equateur (1937-1938, 1963-1966, puis 1972-1978), deux longues périodes en Bolivie (1964-1982) et un très long épisode au Paraguay avec la dictature du général Stroessner (1954-1989). Le pape François encouragera ainsi, au cours de ses allocutions, une vraie transition démocratique. En Bolivie, le président Morales en est déjà à son troisième mandat, «ce qui met en danger la démocratie», s’inquiète pour sa part Don Ariel Beramendi, prêtre bolivien de la curie romaine.

Ferveur populaire et proximité du pape argentin

Le pape François devrait à ce propos accomplir un geste fort en référence à la période de dictature militaire en Bolivie, le 8 juillet. En descendant de l’aéroport d’El Alto en direction de La Paz, il s’arrêtera, le temps d’une prière silencieuse, près de l’endroit où fut assassiné le jésuite espagnol Luis Espinal, en 1980. Un assassinat commandité par le dictateur bolivien Luis García Meza (1980-1981).

Face à ce passé douloureux, le pape François devrait compter sur la ferveur et la religiosité populaire des Latino-américains pour encourager à l’évangélisation. Dans chacun des pays, entre 1 et 2 millions de personnes sont attendues pour les messes et autres événements de masse. A de multiples reprises, des tours de papamobile sont prévus au milieu d’une foule très chaleureuse, souligne le Père Lombardi.

Dévotion mariale

Ce voyage, explique encore le Père Lombardi, sera aussi fortement influencé par le Document final d’Aparecida, rédigé en grande partie par le cardinal Bergoglio, alors archevêque de Buenos Aires, en mai 2007, au terme de la 5e Conférence générale du Conseil épiscopal latino-américain (Celam). Dans ce document, destiné à donner un nouvel élan d’évangélisation au continent, le cardinal Bergoglio insistait notamment sur la force de la religiosité populaire en Amérique et ses quatre piliers: le sanctuaire, le pèlerinage, la fête et la dévotion mariale. Le pape François ne manquera pas de montrer l’exemple au cours de son voyage.

Le 7 juillet, il récitera ainsi une prière dédiée à la Vierge des douleurs du collège jésuite de Quito, qui suscite une grande dévotion en Equateur. Le 11 juillet, au Paraguay, il se rendra cette fois au sanctuaire marial de Caacupé, où les fidèles vénèrent la statue de Notre-Dame des miracles. «Le pape François porte lui-même une grande dévotion à Notre-Dame de Caacupé, affirme le Père Lombardi. En Argentine, comme archevêque de Buenos Aires, il lui a dédié de nombreuses églises». Au cours d’une messe géante, il renouvellera l’acte de consécration du Paraguay à la Vierge, comme l’avait fait Jean Paul II avant lui au cours d’une visite en 1988. (apic/imedia/bl/rz)

Le pape pourra admire les paysages de Bolivie en juillet 2015
1 juillet 2015 | 08:30
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 4  min.
Partagez!