Alors que les sondages prédisent le «oui», les évêques irlandais appellent à voter «non» au mariage gay
Dublin, 19 mai 2015 (Apic) Alors que les électeurs irlandais sont appelés à se prononcer pour ou contre le mariage entre personnes de même sexe le 22 mai, les évêques catholiques de la République d’Irlande ont appelé les fidèles à mettre un «non» dans les urnes ce vendredi.
Les évêques irlandais défendent le mariage entre un homme et une femme, selon le «droit naturel», estimant que le vote contre le mariage de personnes de même sexe est un vote pour le «bien commun». Si les sondages prédisent un oui assez clair – un récent sondage Ipsos MRBI pour le quotidien «The Irish Times» donne 58% pour le oui, 25% pour le non et 17% d’indécis – le taux de participation et donc l’issue du vote restent incertains. Radio Vatican qualifie l’enjeu d’»historique dans ce pays catholique où l’avortement est toujours illégal, sauf lorsque la vie de la mère est en danger, et où l’homosexualité n’a été dépénalisée qu’en 1993».
L’Eglise inquiète de l’issue du vote
«Si la réponse est positive, l’Irlande sera le premier pays au monde à reconnaître le mariage homosexuel par un consentement populaire et non par une loi. Car il sera nécessaire d’amender un article de la Constitution irlandaise relatif au mariage. D’où l’inquiétude de l’Eglise qui a lancé une campagne active pour le non», souligne la «radio du pape».
En décembre dernier, la Conférence des évêques d’Irlande avait rédigé une lettre pastorale sur la signification du mariage, et l’avait fait distribuer dans les quelque 1’300 paroisses du pays. Au mois de mars dernier, lors de sa session de printemps, elle a publié un deuxième document intitulé: «Le mariage est important, réfléchis avant de le changer». Et à l’approche du référendum, plusieurs évêques sont montés au créneau pour exhorter les fidèles à réfléchir sérieusement aux lourdes conséquences que pourrait avoir une modification du sens du mariage dans la Constitution.
La question n’est pas l’égalité des droits
Les évêques soulignent notamment que, contrairement à ce que soutiennent les autorités, ce qui est en jeu n’est pas l’égalité des droits. Mgr Eamon Martin, archevêque d’Armagh, primat d’Irlande, explique ainsi que l’amendement proposé n’est pas seulement un élargissement des droits mais un changement profond de la philosophie qui soutient la société. Le mariage n’est pas une simple institution sociale mais l’union complémentaire entre un homme et une femme, qui plonge ses racines dans la nature humaine, souligne-t-il.
Le mariage n’est pas une question privée, rappelle pour sa part l’évêque de Ferns, Mgr Denis Brenan. Il concerne et fonde la société dans son ensemble. Le mariage est d’une importance fondamentale pour les enfants et pour la société. «L’union d’un homme et d’une femme ouverte à la procréation est un don de Dieu». Les évêques préviennent que dans le cas d’une acceptation du texte, il deviendra toujours plus difficile de parler encore en public du mariage comme d’un lien sacré. En ce mois de Marie, ils invitent tous les catholiques à prier pour le mariage et la famille.
L’Eglise a beaucoup perdu de son influence
L’Eglise a joué un rôle essentiel au moment de l’indépendance de l’Irlande, mais son influence s’est affaiblie, surtout à la suite des scandales de pédophilie ayant impliqué le clergé local, mais aussi en raison des bouleversements économiques et sociaux qui ont profondément changé la société. Contrairement à ce qui s’est produit en France, la convocation de ce référendum n’a pas suscité la mobilisation des catholiques, relève Radio Vatican. Si le oui l’emporte, l’Irlande deviendra le 18e pays dans le monde à autoriser le mariage homosexuel. (apic/radvat/com/be)