Alliance Sud dénonce de possibles coupes dans l'aide au développement

Berne, 11.11.2015 (cath.ch-apic) La Commission des finances du Conseil des Etats (CdF-E) de la Confédération suisse a approuvé, le 10 novembre 2015, des coupes claires dans le budget de la coopération au développement. La coalition d’œuvres d’entraide Alliance Sud critique les réductions prévues «qui traduisent une politique à court terme face aux défis globaux actuels».

Le Conseil fédéral envisage des coupes de plus de 115 millions de francs dans la coopération au développement. La CdF-E les a acceptées sans opposition. Elle a manqué ainsi de confirmer la décision de 2008 du Parlement de consacrer annuellement 0,5% du revenu national brut à la coopération au développement, note Alliance Sud, dont font partie les œuvres d’entraide catholiques Caritas et Action de Carême (AdC).

«Les réductions prévues dans la coopération au développement sont inacceptables en regard des défis globaux actuels», critique le groupement d’organisations. Fin septembre, la Suisse a célébré à New York l’adoption de l’agenda 2030, les ambitieux objectifs de développement durable. On ne pourra pas atteindre ces objectifs sans des moyens financiers supplémentaires, note Alliance Sud. «En taillant dans le budget avant même l’entrée en vigueur du nouvel agenda, la Suisse signale déjà son manque de volonté politique de mettre à disposition les ressources indispensables à sa réalisation», affirme la coalition d’œuvres d’entraide.

Une politique à court terme

Elle souligne qu’en même temps, les flux globaux de réfugiés démontrent le besoin d’un engagement accru pour lutter à long terme contre les causes de la pauvreté et les situations de crise. Le conseiller fédéral Didier Burkhalter prévoit au contraire de compenser l’augmentation urgemment nécessaire de l’aide humanitaire par la réduction de la coopération au développement à long terme, au lieu de la financer par des fonds supplémentaires, déplore Alliance Sud. «Une telle compensation est à courte vue. En effet, si le Conseil fédéral économise aujourd’hui dans la coopération au développement à long terme, il devra demain dépenser plus dans l’aide d’urgence à court terme», note la coalition.

Le 5 novembre déjà, la Commission de politique extérieure du Conseil des Etats a suivi la proposition du Conseil fédéral de financer les coûts de l’adhésion de la Suisse à la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB) autant que possible sur le dos de l’aide au développement, affirme Alliance Sud. «Elle renforce ainsi la tendance à utiliser à d’autres fins – en l’occurrence la promotion des exportations – l’argent réservé pour des objectifs de développement», déplore le groupement d’organisations. (apic/com/rz)