Allemagne: une personne non-binaire à la présidence du synode
Mara Klein, qui siège à la présidence du Comité synodal allemand, se définit comme une personne non-binaire. Dans une interview à katholisch.de, elle évoque ses espoirs de changement dans l’Église et la pression qu’elle ressent.
Mara Klein a été la seule personne à l’identité de genre non définie à se présenter à la présidence de la démarche allemande. Le Comité synodal allemand, formé dans le cadre du Chemin synodal, compte environ 70 membres. Il s’agit d’évêques, de prêtres, de religieux et de laïcs, représentatifs des diverses régions et groupes de l’Église catholique en Allemagne.
La présidence du comité est assurée par quatre personnes qui sont (à part Mara Klein) Mgr Georg Bätzing, président de la Conférence épiscopale allemande et évêque de Limbourg, Mgr Peter Kohlgraf, évêque de Mayence, et Irme Stetter-Karp, présidente du Comité central des catholiques allemands (ZdK). Maria Klein étudie à Halle (Saxe-Anhalt) et s’engage dans la paroisse étudiante catholique de cette ville.
Un grand respect «en tant que personne»
Cette élection «montre la voie à suivre pour ce que nous essayons d’atteindre: une Église de la diversité et de la participation», explique Maria Klein dans une interview publiée le 15 juin 2024 sur katholisch.de. «Cela doit être visible, du moins formellement, au sein de la présidence, bien que cette diversité et cette participation ne soient pas encore présentes dans les structures de l’Église.»
Maria Klein espère ainsi «avoir un effet symbolique qui donne aux personnes trans, aux personnes diverses et aux personnes non-binaires de l’Église une plus grande conscience de soi et un sentiment d’efficacité personnelle». Maria Klein constate «déjà une certaine réflexion» à ce sujet au sein de l’Église allemande, et ressent «un grand respect pour moi en tant que personne».
«Association d’abuseurs»
La personnalité non-binaire se dit toutefois préoccupée par l’attitude du Vatican à cet égard, déplorant que Rome utilise les mêmes termes que le parti nationaliste allemand AfD, en parlant notamment «d’idéologie du genre». «Le catholicisme est une patrie dans laquelle j’ai été baptisée, qui m’a beaucoup donné, mais qui me limite aussi en de nombreux endroits», assure Maria Klein.
Son intervention, lors de la première assemblée synodale, avait été remarquée. Maria Klein s’était montrée très critique envers l’Église, la qualifiant «d’association d’abuseurs», évoquant un «péché structurel massif». Malgré la véhémence de son discours, beaucoup de représentants au comité synodal se sont montrés compréhensifs de son point de vue, a assuré Maria Klein dans un autre interview à katholisch.de (2020).
Phase délicate pour le synode allemand
Le Chemin synodal allemand se trouve actuellement dans une phase délicate. Le Comité doit notamment mettre en place un Conseil synodal. Une étape observée avec méfiance au Vatican, note l’agence de presse KNA (17 juin 2024). Car la structure même de l’instance défie la hiérarchie traditionnelle de l’Église, en promettant de mettre à terme les laïcs et les évêques sur un pied d’égalité. Même si Rome a donné son feu vert au Comité synodal au printemps 2024, le Vatican a bien fait comprendre qu’il devait approuver toutes les décisions allemandes. Alors que l’Eglise dans le pays a lancé des propositions audacieuses sur la place des femmes ou la discipline du célibat, Rome peut donc à tout moment «sortir le carton rouge», note KNA. (cath.ch/katholisch.de/kna/arch/rz)