Algérie: Les cérémonies d’exorcisme interdites dans les mosquées
Le gouvernement algérien a interdit, le 20 mai 2016, la pratique de la ‘roqia’ dans les mosquées et écoles coraniques du pays. L’interdiction de ce rituel d’exorcisme censé guérir les personnes atteintes d’une maladie incurable, prisé des islamistes, se situe dans le cadre de la lutte contre le radicalisme.
La mesure a été annoncée par le ministre des Affaires religieuses et des wakfs (bien religieux), Mohamed Aissa, rapporte l’agence Algérie presse service (APs). La roqia, a-t-il précisé, n’est nullement une profession, et de fait, ne sera pas homologuée.
Il s’exprimait devant le Parlement national, en réponse à un député qui l’interpellait sur le recours croissant de larges franges de la société au traitement des maladies par la roqia. «Mon département a interdit fermement aux imams de pratiquer la roqia (…) qui gagne de plus en plus de terrain au sein de la société algérienne, voire de la société arabo-musulmane», a remarqué le ministre. En Algérie, les imams et leurs auxiliaires sont des fonctionnaires de l’Etat.
Une pratique qui plaît aux salafistes
D’après Radio France international (RFI), des chercheurs en sciences islamiques ont salué cette «décision positive» du gouvernement, exprimant toutefois leur crainte qu’elle ne déplaise aux imams proches du salafisme, favorables à cette pratique.
De son côté, le syndicat des imams a regretté une telle mesure contre une pratique qui était «efficace pour la société».
L’interdiction de la roqia est considérée comme une manière de dénoncer ceux qui se font payer très cher, et qui se déplacent à l’étranger, pour pratiquer de telles cérémonies. Elle constitue une nouvelle étape dans la politique de régulation de l’islam en Algérie, entreprise depuis deux ans, par le ministère des Affaires religieuses.
Soufisme contre radicalisme
Par ailleurs, un premier congrès mondial soufi, tenu à Mostaganem, au nord-ouest du pays, du 18 au 20 mai, a abouti à la création d’une union mondiale soufie, ayant pour but de lutter contre le radicalisme dans le monde musulman. Le congrès, qui a rassemblé quelque 120 oulémas de 50 pays, a aussi recommandé que les programmes scolaires et éducatifs soient basés sur l’enseignement de la tolérance. Les participants ont plaidé pour la mise en place d’une commission de spécialistes en fiqh (droits religieux) des différentes doctrines et écoles musulmanes chargée d’élaborer un projet œuvrant pour l’unité de la nation musulmane, contrer toutes les formes de fitna (terrorisme), faire face aux complots et propager l’esprit d’unité, de tolérance et de coexistence.
Ils ont également préconisé la création d’une académie de l’éducation soufie, basée à Alger, ainsi que le lancement d’un site internet pour diffuser les véritables valeurs de l’islam et une éducation spirituelle saine. (cath.ch-apic/ibc/aps/rfi/rz)