Formation interne de la FEDEC, 2 décembre 2023 | © Gabriel Monnet
Suisse

Agents pastoraux vaudois: une démarche participative originale

Le 2 décembre 2023, à la paroisse St-Joseph de Lausanne, quelque 120 agents pastoraux et une vingtaine de prêtres vaudois ont partagé leurs expériences pastorales nouvelles. Forts des découvertes auxquelles ils ont été invités cet automne, ils ont élargi leur horizon de compétence et l’ont confronté à un groupe d’experts.

Bernard Litzler pour cath.ch

La journée du 2 décembre a constitué un point d’arrivée, après quatre mois d’échanges d’activités étalés entre août et novembre 2023. L’Église catholique vaudoise a souhaité, cet automne, mieux faire connaître la diversité de ses réalités pastorales: solidarité, santé, jeunesse, catéchèse, paroisses, interculturalité… Il s’agissait, pour un agent pastoral, de s’aventurer sur un terrain qui ne lui était pas familier.

Quatre mois de découvertes

Cette «démarche participative», de son nom officiel, a été conçue et animée par Philippe Becquart, adjoint du représentant de l’évêque pour la région diocésaine Vaud, Isabelle Vernet, responsable du Département 15-25 ans, et Stefan Constantinescu, responsable du Département des adultes. Avec une idée-force: découvrir, durant ce temps de quatre mois, un autre terrain pastoral.

Stéphane Constantinescu, responsable du Département des adultes | © Bernard Litzler

Après avoir fréquenté cet autre lieu ou participé à un événement d’Église, chaque agent de terrain était invité à relever ses impressions: comment il ou elle avait intégré sa découverte, ce qui l’avait marqué, enrichi, comment il avait été transformé par elle.

Un aboutissement

La journée du 2 décembre à Lausanne a donc constitué un aboutissement pour les 120 agents pastoraux et la vingtaine de prêtres présents. Répartis en 35 ateliers, ils ont partagé leurs impressions durant la matinée.

Des expériences aussi diverses que la rencontre Kerygma de Lourdes (destinée aux catéchistes), l’Université de la Diaconie, la messe Stop, la prière de Taizé, la formation Théophilos, le nouveau Centre Maurice Zundel de Lausanne ou la pastorale interculturelle ont ainsi fait l’objet d’échanges, en petits groupes, pour en rendre compte l’après-midi.

Institutions affaiblies

Catherine Erard, une ancienne de RTSreligion, a eu pour tâche d’animer la table ronde après le repas. Sept invités sont venus réagir aux comptes-rendus des groupes. D’horizons et d’âges différents, les experts ont livré sans complaisance leurs impressions sur l’évolution de l’Église catholique. Un florilège de constats positifs, de questionnements et d’ouvertures. «Dans une société liquide, on n’attend plus grand-chose d’une Église institutionnelle, a asséné le pasteur Frederik Keller. Le décalage entre la parole institutionnelle et le langage de la société contemporaine pose question. Seule l’authenticité des rencontres entre les personnes permet alors d’y remédier.»

Pour la politicienne Cesla Amarelle, «toutes les institutions sont affaiblies, aujourd’hui. Et l’Église catholique doit sortir d’un schéma de verticalité pour devenir une Église de service, plus horizontale».

Le Dieu «de la crèche et de la croix»

Les rapports des groupes ont notamment mis en exergue la chance de l’interculturalité, la diversité des annonces de la foi, et l’œcuménisme. Transmettre la foi reste le cœur de l’activité des agents pastoraux, mais l’innovation aussi est au rendez-vous. Les institutions religieuses créent du lien autour de valeurs fortes, a relevé un membre du débat. Mais le Dieu «de la crèche et de la croix» ne correspond plus à la toute-puissance des institutions.

Transmettre la foi reste le cœur de l’activité des agents pastoraux | © Bernard Litzler

Pour Fabien Hunenberger, directeur de Cath-Info, l’Église reste un «lieu médiatisable, dont on peut lire l’évolution». Il s’est réjouit de la récente session du Synode sur la synodalité, en octobre 2023 à Rome, où les enjeux ont été situés, et pas seulement «dans le changement des normes du droit canonique, mais aussi dans les questions sur le genre et la sexualité».

«Être avec, pour faire avec»

Marguerite Vernet, représentante de la jeune génération, a plaidé pour une «Église qui ait envie de changer». Et Stéphane Ernst, aumônier de gymnase, a présenté une pastorale qui veut «être avec, pour faire avec» les jeunes, dans un élan d’espérance.

En conclusion de la journée, Philippe Becquart a relayé ce besoin de transmettre: «L’Église se trouve au milieu, dans une société en mutation, où d’aucuns défendent un retour à des traditions anciennes, piété ou adoration, tandis que d’autres lui demandent de changer de langage pour être plus audible.»

Avant de gagner la cathédrale de Lausanne pour la messe annuelle des catholiques vaudois, les participants ont pris conscience de leur adhésion à la démarche participative pour découvrir de nouveaux domaines pastoraux et élargir l’impact missionnaire de leurs engagements. (cath.ch/bl/lb)

Formation interne de la FEDEC, 2 décembre 2023 | © Gabriel Monnet
3 décembre 2023 | 17:10
par Rédaction
Temps de lecture : env. 3  min.
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