Afrique: Les sectes ne cessent de proliférer
Dakar, 26.08.2015 (cath.ch-apic) La plupart des pays d’Afrique sub-saharienne sont confrontés à une prolifération des nouvelles communautés religieuses. Ces groupes aux pratiques souvent sectaires profitent de l’absence de réglementations dans certains pays.
Entre «Eglises du réveil», «Eglises de la guérison» et pasteurs autoproclamés, toutes sortes de cultes pullulent depuis des années sur le continent africain, rapporte le 24 août 2015 Radio France international (RFI). Ces groupes promettent souvent monts et merveilles sur terre ou au ciel, en enrichissant les gourous qui les répandent.
Certains gouvernements s’en inquiètent et tentent d’introduire des réglementations pour lutter contre ce phénomène. C’est notamment le cas en Afrique du Sud, où les autorités ont décidé d’ouvrir une enquête sur les diverses Eglises et leur financement. Une mesure qui fait suite à plusieurs scandales impliquant des prophètes autoproclamés. L’affaire du pasteur Penuel Mnguni, à Pretoria, qui a éclaté fin juillet dernier, a révélé l’ampleur du danger représenté par ces nouvelles sectes. Le jeune pasteur de 23 ans a en effet l’habitude de sauter à pieds-joints sur ses fidèles, de leur faire boire de l’essence, manger de l’herbe, des serpents ou des rats.
Beaucoup de ces Eglises sont accusées de se faire de l’argent sur le dos des plus pauvres en profitant de leur désespoir. Elles ont pu se multiplier grâce à la Constitution sud-africaine qui autorise une totale liberté de culte et de croyance. Les Eglises traditionnelles, notamment l’Eglise catholique, ont condamné ces pratiques. Dans la plus part des cas, ces églises ne demandent pas de cotisations de leurs membres, mais fonctionnent sur le principe du don.
Selon la commission d’enquête, il ne s’agit pas d’interdire ces communautés, mais de contrôler les abus. La commission doit rendre son rapport et ses recommandations d’ici avril l’année prochaine.
La résistance s’organise
Au Togo, la multiplication des «ministères» pose problème. Ces nouvelles Eglises sont nombreuses, on en dénombrait jusqu’à 856 en 2009. Les adeptes y accourent toujours et les voisins se plaignent régulièrement des nuisances, notamment sonores. Les pasteurs de ces ministères sont ainsi accusés de vendre des illusions, de prêcher à l’envolée en faisant grand bruit, mais aussi parfois d’adultère.
Les églises, installées dans les quartiers pauvres à l’entrée des villages ou à leur sortie, ont le vent en poupe, attirant des âmes en détresse dans l’attente d’être sauvées.
En Centrafrique, l’Eglise protestante doit faire face à des prédicateurs évangéliques radicaux. Certains prétendent réaliser des miracles, d’autres promeuvent la violence intercommunautaire. L’Eglise protestante traditionnelle tente de lutter contre ce phénomène en informant et en sensibilisant la population, une entreprise difficile, sur un territoire plus grand que la France.
En Angola, l’Agence de presse locale, ANGOP (Agence de presse angolaise) a rapporté le 24 août que des représentants de la société civile, des religieux et des représentants d’organes judiciaires du pays ont appelé le gouvernement à durcir les conditions d’exercer des sectes. A l’issue d’un forum national sur le sujet, ils ont proposé que l’Etat oblige toutes les personnes voulant ouvrir leurs Eglises nouvelles à présenter une liste de 60’000 signatures, approuvée par un notaire. (apic/ibc/rfi/ag/rz)