Afrique: Eglises africaines indépendantes (090392)

cherchent riches «sponsors» aux Etats-Unis

Un terrain de prédilection pour les sectes

Bonn, 9 mars(APIC) Pour faire face à leurs besoins matériels, de plus en

plus d’Eglises indépendantes africaines cherchent de riches «sponsors» aux

Etats-Unis, notamment parmi les grandes Eglises comme les Méthodistes, les

Baptistes ou les Luthériens. Mais les sectes nord-américaines ne sont pas

en reste dans leur stratégie de conquête du continent africain.

Selon des informations en provenance de la Centrale missionnaire des

franciscains à Bonn, ce phénomène, connu en Amérique latine depuis des décennies, se développe maintenant sur le continent africain, en particulier

au Lesotho, au Malawi, au Ghana, au Nigéria, au Kénya, etc. Les franciscains estiment que ce développement n’est pas étonnant, car ces Eglises indépendantes recrutent généralement leurs membres dans les couches pauvres

de la population. Les responsables de ces Eglises, qui reçoivent de l’aide

d’une communauté religieuse importante aux USA, peuvent ainsi entretenir

des écoles et des cliniques. Ils disposent également d’un parc de véhicules

important, ce qui fait encore augmenter leur prestige dans la population.

Eglises à vendre au plus offrant

En conséquence de leur manque de moyens financiers, de nombreuses Eglises indépendantes africaines ont même pris elles-mêmes l’initiative de démarcher des Eglises missionnaires aux USA, en se proposant de devenir leur

«branche africaine». Il arrive que les chefs de ces Eglises africaines envoyent simultanément des dizaines d’offres outre-mer. Ainsi, l’évêque Teah,

de la «Calvary Redemption Pentecostal Church» au Libéria, avoue avoir envoyé 52 lettres de ce genre; il a reçu 37 réponses, dont 18 positives.

L’évêque libérien affirme avoir examiné les différentes confessions de

foi et s’être ensuite décidé en faveur de la «Church of God of the Mountain

Assembly» de Jellico, au Tennessee, à laquelle il a rattaché son Eglise. Il

n’a pas précisé s’il avait également comparé les avantages matériels offerts par les diverses communautés qui s’étaient déclarées prêtes à l’accueillir. Pour beaucoup de ces Eglises africaines, trouver une «Eglise-mère» aux USA est tout simplement une question de survie, et la concurrence

est dure, comme l’avoue l’évêque Caulae, de la «Faith in God Church», qui

s’est unie avec les «Apostolic Holiness Churches Inc.» de Tucker, en Géorgie.

La Centrale franciscaine à Bonn estime que, selon des connaisseurs des

Eglises africaines, la recherche d’aide matérielle auprès des Eglises américaines ne va que peu influencer le sentiment religieux des Africains.

Mais il y a cependant des indications que le rattachement à des Eglises des

USA va fortement changer la nature de ces Eglises indépendantes. Ainsi, le

rattachement de l’Eglise de l’évêque Dixon, au Libéria, avec les «Don Stewart Ministries» a des conséquences théologiques, car cette Eglise américaine prêche pour «un Evangile moderne de la prospérité» : pour elle, le

chrétien authentique doit être riche, car la pauvreté est un signe de péché

et de manque de foi. L’évêque Dixon prêche désormais cette théorie singulière dans un pays aussi pauvre que le Libéria. (apic/mdf/be)

9 mars 1992 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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