Afrique: chrétiens et musulmans appellent à annuler la dette
Les leaders chrétiens et musulmans d’Afrique ont appelé, le 19 juillet 2024, à l’annulation de la dette des pays du continent. Ils s’exprimaient dans le cadre de la réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G20, le 25 et 26 juillet, à Rio de Janeiro.
L’état de la dette dans le monde sera au cœur des travaux à Rio, aux côtés d’autres sujets tels que la situation économique, l’architecture financière, ou encore la fiscalité internationales.
Dans une déclaration publiée le 19 juillet, à l’issue d’une rencontre à Kigali, au Rwanda, 27 dirigeants religieux, archevêques, prêtres, pasteurs, révérends, mais aussi imans d’Afrique, ont appelé à l’annulation de la dette africaine. La conférence interreligieuse de Kigali a eu lieu dans la perspective du deuxième Jubilé sur l’annulation de la dette du continent, prévu en 2025, à la suite de celui de 2000.
Pour des prêts et des emprunts «responsables»
En tant que chefs religieux, «nous sommes quotidiennement en contact direct avec les souffrances des hommes, des femmes, des jeunes et des enfants de notre continent qui luttent pour se remettre de multiples chocs», ont-ils souligné. Ils ont rappelé que la pandémie de Covid-19 et ses conséquences ont «anéanti des décennies» de progrès en matière de développement et de réduction de la pauvreté. A cette situation, s’ajoutent des guerres et des conflits, la fragilité des systèmes de santé, le changement climatique, la pénurie alimentaire, et la pauvreté multiple.
«Nous appelons les dirigeants du monde, regroupés au sein du G20, du G7, des Nations- Unies, du Fonds monétaire internationale (MI) et de la Banque mondiale, à aligner leurs actions et décisions dans les mois à venir sur les valeurs du premier Jubilé». Ils ont invité les dirigeants des États à mettre en œuvre des principes de prêts et d’emprunts «responsables». Par le biais de lois, de réglementations et de bonnes pratiques, les bailleurs et les débiteurs ont un rôle à jouer pour prévenir «l’émergence de nouveaux cycles de dettes inutiles et insupportables».
Un monde plus exposé aux chocs
Au cours des années précédant le dernier Jubilé (de 2000), l’appel à l’annulation de la dette, rejoint par les dirigeants du monde entier et les institutions financières internationales, a mobilisé 130 milliards de dollars d’allégement de la dette de pays africains. Ce qui a contribué à l’investissement pour la réduction du coût de la vie, qui monte en flèche dans ces pays. «Malheureusement, ont déploré les religieux, les inégalités des systèmes fiscaux, financiers et commerciaux internationaux, ainsi que les lacunes de la gouvernance nationale, ont continué à favoriser un endettement insoutenable.»
Selon eux, la législation des grands centres financiers peut protéger contre les acteurs privés qui tentent de profiter des efforts de bonne foi des autres créanciers. «Il faut annuler les dettes impayables sans mettre en danger la réalisation des objectifs de développement et climatiques», ont-ils réclamé. Ils ont estimé que les pays en développement devraient avoir accès à des processus permanents, fondés sur des règles, et prévisibles, obligeant tous les créanciers à réduire leurs dettes, afin de limiter les souffrances inutiles et réduire le coût des crises pour tous.
«Dans un monde plus exposé aux chocs, les pays en développement endettés ne devraient pas être laissés seuls à supporter les coûts des catastrophes liées au climat, des pandémies et d’autres événements indépendants de leur volonté», ont relevé les leaders religieux. (cath.ch/ibc/com/rz)