Accusé d'abus de pouvoir, René Brülhart clame son innocence
L’avocat fribourgeois René Brülhart est accusé par la justice du Vatican d’abus de pouvoir. Cité à comparaître dans un procès géant prévu le 27 juillet 2021, l’ancien directeur de l’Autorité d’information financière (AIF) du Vatican se déclare innocent et serein, évoquant une «erreur de procédure».
René Brülhart est l’une des dix personnalités convoquées par la justice vaticane dans l’affaire dite de «l’immeuble de Londres». L’accusé le plus en vue étant le cardinal Angelo Becciu. Le prélat sarde était numéro deux de la Secrétairerie d’Etat, l’administration centrale du Saint-Siège, lorsque la procédure d’achat de l’immeuble londonien avait commencé en 2014.
Plus grand scandale financier du pontificat de François, l’affaire concerne une série de présumées malversations dans le cadre de l’acquisition d’un immeuble de luxe de la capitale britannique par la Secrétairerie d’État.
Le cardinal est accusé de détournement de fonds, d’abus de pouvoir et de subornation de témoin. Les neuf autres convoqués font face à divers chefs d’accusation. René Brülhart est accusé d’avoir abusé de sa fonction de directeur du conseil d’administration de l’AIF, un poste qu’il a occupé de 2012 à 2019.
De la «brume au soleil»
Dans un communiqué publié après l’annonce du procès, l’avocat assure avoir toujours exercé ses fonctions et ses devoirs correctement, «avec loyauté et dans l’intérêt exclusif du Saint-Siège et des organes qui le représentent». Il affirme aussi que «contrairement à ce qui a été rapporté dans la presse», il attend toujours qu’une «notification formelle [de sa convocation, ndlr.] soit faite dans les normes du droit». Le Fribourgeois né en 1972 «révèle» en outre que «cette affaire constitue une erreur de procédure qui sera immédiatement clarifiée par les organes de justice du Vatican dès que la défense sera en mesure d’exercer ses droits».
«J’affronte cette affaire avec sérénité», affirme René Brülhart. Il se dit convaincu que les accusations contre lui «disparaîtront comme la brume au soleil».
Selon des informations confirmées de source vaticane, René Brülhart fera l’objet d’une procédure distincte des neuf autres accusés.
Des ramifications en Suisse
Au-delà de la connexion avec René Brülhart l’affaire de «l’immeuble londonien» a un certain nombre de ramifications en Suisse. Une demande d’assistance juridique a également été adressée à la Confédération dans le cadre de l’enquête. La requête serait actuellement en cours d’exécution par l’office du procureur général. Par note diplomatique au 30 avril 2020, l’Office fédéral de la justice a confirmé avoir envoyé au Vatican une première partie des documents demandés. Depuis lors, d’autres transferts ont eu lieu.
Une partie de l’argent en jeu dans l’affaire a circulé sur des comptes lié au Credit Suisse, basé à Zurich. La banque BSI, basée à Lugano, serait également concernée, bien que cette dernière ait disparu en 2016.
Sur le banc des accusés se trouve en outre le financier romain Enrico Crasso, qui réside officiellement en Suisse. Ancien employé du Crédit Suisse, il a été directeur financier de la Secrétairerie d’Etat jusqu’en 2019. Il a été écarté par le Vatican après la découverte d’irrégularités dans l’acquisition de l’immeuble londonien. (cath.ch/cic/imedia/rz/ag)