Abus sexuels: l’Église chilienne demande pardon
Les 32 évêques du Chili se sont excusés, le 3 août 2018,»d’avoir manqué à leurs devoirs» dans la gestion des abus sexuels au sein du clergé. Suite à leur assemblée plénière extraordinaire, du 30 juillet au 3 août 2018 à Punta de Tralca, au centre du pays, ils ont annoncé une série de mesures pour lutter contre la pédophilie.
«Il y aura un avant et un après ces 5 jours de réflexion», affirment les prélats dans un document dense post-assemblée plénière. «Cette assemblée plénière extraordinaire est un point d’inflexion», assure Mgr Fernando Ramos, secrétaire de la conférence épiscopale et administrateur apostolique du diocèse de Rancagua (centre).
Pour que cela ne se reproduise plus jamais
Dans leur déclaration, les évêques demandent pardon aux victimes: «Nous avons manqué à nos devoirs de pasteurs, nous n’avons pas écouté, cru, reçu ou accompagné les victimes des graves péchés et des injustices commises par les prêtres et par les membres de l’Église», écrivent-ils, assurant de leur «repentir sincère». «Nos erreurs ou omissions ont causé douleur et perplexités; elles ont frappé la communion ecclésiale, empêché la conversion et miné l’espoir», poursuivent les 32 évêques.
Ils promettent de rencontrer personnellement les victimes mais aussi de faire une autocritique «pour que ces faits ne se reproduisent plus jamais». Plusieurs mesures ont été annoncées, dont une collaboration plus étroite entre l’Église et la justice. Les évêques s’engagent à divulguer publiquement les enquêtes d’abus sexuels sur mineurs.
Plus de femmes et de laïcs
Le Conseil national pour la prévention des abus et de l’accompagnement des victimes est également doté de nouveaux pouvoirs. Il suivra le bon déroulement des procédures dans les diocèses chiliens. Pour la première fois, une femme a été nommée à sa tête, l’avocate Ana Maria Celis Brunet, alors que ce poste était auparavant occupé par un évêque. Par ailleurs, une autre femme, Pilar Ramirez Rodriguez, a été nommée directrice exécutive du Département pour la prévention des abus et pour la mise en œuvre des décisions du Conseil national. La présence de laïcs dans les organismes décisionnels de l’Église, et notamment de femmes, comme l’exige le pape François, fait partie des engagements concrets exprimés dans cette déclaration des évêques.
266 victimes recensées
Ces mesures visent à mettre fin au scandale sans précédent que traverse l’Église chilienne: 158 personnes, évêques, prêtres ou laïcs visés par une enquête d’abus sexuels sur mineurs et adultes depuis les années 1960. Au total, le parquet général a recensé 266 victimes, dont 178 mineures. (cath.ch/vn/rz)