Abus sexuels : la justice chilienne sollicite la collaboration du Vatican
Dans le cadre de l’enquête sur les abus sexuels commis au Chili par des membres du clergé, la justice chilienne a demandé au Vatican de lui transmettre le rapport de Mgr Charles Scicluna, a indiqué le porte-parole de la Cour suprême de ce pays à la radio Tele13 le 24 juillet 2018.
Au début de l’année, le pape François avait demandé à Mgr Scicluna, archevêque de Malte, de se rendre au Chili pour enquêter sur les abus sexuels et leur gestion au Chili. Accompagné de Mgr Jordi Bertomeu, official de la Congrégation pour le culte divin, le prélat avait ensuite rédigé un rapport de 2’300 pages, remis au pape le 20 mars. Celui-ci a affirmé y avoir lu des récits «crus, sans additifs ni édulcorants, de nombreuses vies crucifiées».
Parallèlement aux enquêtes de l’Eglise, la justice chilienne se penche elle aussi sur ces affaires. Une demande a ainsi été faite au Vatican de fournir ce rapport. Mais celui-ci n’en a pas l’obligation, a reconnu Lamberto Cisternas, le porte-parole de la Cour suprême pour qui il s’agit d’une demande «complexe». Toutefois, a-t-il espéré, le Saint-Siège pourrait choisir d’envoyer certains extraits de ce long document dans le cadre d’une collaboration.
Le Chili est secoué depuis plusieurs mois par une succession de scandales d’abus sexuels. En mai dernier, un évêque avait ainsi suspendu 14 prêtres soupçonnés de s’être liés en réseau pour commettre de tels actes. Plus récemment, des religieuses ont indiqué avoir été victimes d’abus de prêtres. Et, selon elles, elles ont été sanctionnées par leur hiérarchie quand elles leur ont relaté les faits.
Un cardinal convoqué devant la justice
Au total, la justice chilienne enquête sur 158 membres de l’Eglise – consacrés ou laïcs – pour des faits remontant jusqu’aux années 1960. «Des chiffres qui font frémir», estime L’Osservatore Romano, quotidien officiel du Vatican, dans son édition du 25 juillet.
Le cardinal Ricardo Ezzati, archevêque de Santiago, est notamment convoqué devant un tribunal le 21 août prochain.Le haut prélat devra répondre d’accusations de dissimulations d’abus. Dans un communiqué, il a réitéré son «engagement […] dans la recherche de la vérité et le respect de la justice civile», assurant avoir la «conviction de n’avoir jamais dissimulé ou entravé la justice».
En mai dernier, le pape François avait convoqué à Rome tous les évêques chiliens en exercice. A l’issue de ces rencontres à huis clos, ceux-ci avaient annoncé avoir collectivement remis leur démission. Pour l’instant, le pontife a pour l’heure accepté la démission de cinq d’entre eux. (cath.ch/imedia/xln/mp)