Synode des évêques Avec un vocabulaire bien particulier, la fonction de chacun et de chaque organe est strictement définie | © Oliver Sittel
Vatican

Abus sexuels et sexualité: premières discussions en petits groupes du synode

La problématique des abus sexuels a été abordée lors des premières discussions en petits groupes, les circoli minori, lors du synode des évêques à Rome. Les pères synodaux ont effectivement  parlé de ce thème, a affirmé Mgr Charles Scicluna, archevêque de Malte, le 8 octobre 2018 lors d’une présentation à la presse des premiers échanges en petits groupes au cours du synode sur ›les jeunes, la foi et le discernement vocationnel’.

Après des discussions en assemblée plénière les 4 et 5 octobre, les Pères synodaux et les auditeurs se sont réunis en circoli minori les 6 et 8 octobre. Leurs échanges ont porté sur la première partie de l’Instrumentum laboris, le document de travail intitulée ‘Reconnaître: l’Eglise à l’écoute de la réalité’. Les Pères synodaux ont pu apporter des modi – amendements – à ce document, votés à la majorité absolue.

Pour Mgr Scicluna, un «moment très important» de ce début de synode a été le long mea culpa présenté par Mgr Anthony Fisher, archevêque de Sydney, en Australie, au sujet des abus sexuels et autres erreurs de l’Eglise.

Selon le prélat maltais, particulièrement au fait de ces questions, tous les circoli minori ont parlé des abus sexuels. Et, espère-t-il, le sujet trouvera une place plus importante dans le document final que dans l’Instrumentum laboris, qui ne l’aborde que dans un seul paragraphe (n. 66).

Mgr Scicluna, qui avait été envoyé par le pape François au Chili au début de l’année pour enquêter sur la gestion des cas d’abus, estime que les évêques doivent comprendre qu’ils ne sont pas seulement responsables devant Dieu et leur conscience, mais aussi devant leur peuple. «Tout le monde au synode peut le percevoir et l’accepte», a-t-il considéré.

 Une situation «honteuse» qui exige une réforme

Mgr Scicluna a également déploré la lenteur de la justice canonique, sujet selon lui de «grande souffrance» pour le pape François. Toutefois, a-t-il souligné, il ne faut pas attendre de réponses rapides sur les abus de la part du synode. Pour lui, celles-ci viendront plutôt lors de la rencontre entre le pape et l’ensemble des présidents des conférences épiscopales du monde, du 21 au 24 février prochain au Vatican.

De son côté, Mgr Emmanuel Gobilliard, évêque auxiliaire de Lyon, a considéré que la «révélation du péché» des abus permettait aux victimes de se reconstruire, aux «bourreaux» de rendre des comptes et à l’Eglise de «se réformer». «C’est une situation réaliste, honteuse, mais qui donne les bases pour se réformer», a-t-il insisté. «Les abus sont une grande humiliation et cela rend humble», a renchéri Mgr Scicluna.

«Changer de modèle pastoral»

Selon une personne présente, la sexualité fait toujours partie des thèmes les plus évoqués, notamment dans les petits groupes francophones. Il ne faut pas avoir peur de parler de la sexualité, a déclaré Mgr Gobilliard, pour qui les jeunes attendent «de vraies réponses». Il est selon lui essentiel que le synode continue de réserver un espace suffisant à cette problématique.

«La sexualité est quelque chose de beau, mais ne doit pas non plus être idéalisée», a poursuivi l’évêque auxiliaire de Lyon. Dans cette optique, il est important de se diriger vers un «modèle d’accueil inconditionnel», en considérant la personne et non ses multiples identités – y compris son orientation sexuelle. L’Eglise doit selon lui changer de modèle pastoral pour ne plus s’adresser à la foule, mais entrer dans une relation interpersonnelle. Car tout individu est un être complexe vu uniquement par le Seigneur «comme une personne à sauver».

Les migrants au cœur des discussions

La question des migrants figurait également en bonne place parmi les sujets abordés dans le groupe de Mgr Gobilliard, a révélé celui-ci. Il s’agit de se mettre d’abord du côté des jeunes migrants, a-t-il spécifié, mais aussi des jeunes qui s’engagent dans leur accueil. Chez les uns comme chez les autres, on observe un point commun «dans la générosité, dans la gratuité, dans la spontanéité». Le prélat a mis l’accent sur les différences qui peuvent surgir avec les participants africains qui déplorent le départ des forces vives de leur pays.

Les jeunes précurseurs sur la question de la place de la femme

Par ailleurs, la place des femmes dans l’Eglise était un des principaux sujets dans mon groupe, a expliqué Thomas Leoncini, jeune journaliste italien présent au synode comme auditeur. Prenant l’exemple de son diocèse, Mgr Gobilliard, soulignant la place importante des femmes dans la pastorale des jeunes, ces derniers «n’ont aucune difficulté à laisser vivre la différence hommes-femmes».

Selon une personne présente lors des débats du synode, cette 15e assemblée ordinaire dénote tant par la sérénité que par la liberté de ton dans les échanges. Selon elle, les Pères synodaux ont également échangé sur l’importance du monde numérique, mais aussi sur les sectes, la diversité des contextes et la famille – en particulier de la souffrance des jeunes lors de son éclatement.

Election de la commission d’élaboration du document final

Dans chaque petit groupe, une synthèse doit être préparée par le rapporteur et votée à la majorité absolue des Pères synodaux avant la reprise des congrégations générales le 9 octobre. Ces rapports y seront alors présentés devant l’ensemble des participants au synode. Lors de cette même journée du 9 octobre, les Pères synodaux éliront l’importante commission pour l’élaboration du document final. (cath.ch/imedia/mg/ah/xln/be)

Synode des évêques Avec un vocabulaire bien particulier, la fonction de chacun et de chaque organe est strictement définie | © Oliver Sittel
9 octobre 2018 | 08:02
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 4  min.
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