Un prêtre du diocèse de Lugano est accusé d'abus sexuels sur mineurs | photo: clocher de la cathédrale San Lorenzo de Lugano © Wikimedia Commons
Suisse

Abus sexuels au Tessin: la divulgation du nom du prêtre était justifiée

Le Conseil suisse de la presse (CdP)a rejeté la plainte contre le Corriere del Ticino portant sur la publication du nom d’un prêtre tessinois, aujourd’hui décédé, coupable d’agressions sexuelles sur mineure. En l’occurrence cette publication était justifiée, estime le Conseil dans un arrêt rendu en décembre 2024.

En décembre 2023, le Corriere del Ticino a publié le témoignage d’une des victimes de ce prêtre décédé depuis plusieurs années. Dans son récit, la victime ne nommait pas son agresseur, mais la rédaction du journal a décidé de le révéler en vertu du droit du public à connaître les faits.

Une plainte a été déposée dès le lendemain devant le Conseil de la presse pour lui demander de déterminer si cette publication était conforme à la Déclaration des devoirs et des droits du journaliste. Le plaignant souhaitait savoir s’il était justifié, sous l’angle de l’éthique des médias, de publier le nom de l’homme d’Église. Le prêtre, décédé il y a quelques années, était une personnalité reconnue et un musicien d’Église renommé.

Droit au respect de la vie privée

Sur le principe, l’article 7 de la Déclaration demande de «respecter la vie privée des personnes, pour autant que l’intérêt public n’exige pas le contraire». Les journalistes doivent donc s’abstenir dans leurs contributions de donner des éléments permettant d’identifier les personnes concernées, même si elles ont commis des crimes graves. Le nom peut exceptionnellement être cité lorsqu’un «intérêt public prépondérant» le justifie.

Le CdP considère qu’un rapport d’identification est recevable «si la personne est communément connue du public et que le rapport fait référence à ce fait». En particulier, les aspects suivants doivent être pris en compte: l’importance du sujet, le respect dû aux victimes, le long laps de temps qui s’est écoulé depuis les crimes et le fait que l’auteur soit décédé entre-temps. En outre, il ne s’agissait pas d’un cas de dissimulation de ces crimes, l’auteur ayant été condamné et ayant purgé sa peine.

Un intérêt public prépondérant

En occurrence, le Conseil suisse de la presse estime qu’il y avait bien un intérêt public prépondérant, dans la mesure où l’Église catholique avait tout fait pour étouffer l’affaire pendant des années. Il juge important dans ce contexte de faire toute la transparence et de renforcer la prise de conscience au sein du public, pour éviter de nouveaux cas à l’avenir. La divulgation du nom du prêtre pouvait donner à d’autres victimes le courage de se manifester, et permettre de connaître toute l’étendue des abus afin d’amorcer un travail de mémoire, constate le CdP. (cath.ch/com/mp)

Un prêtre du diocèse de Lugano est accusé d'abus sexuels sur mineurs | photo: clocher de la cathédrale San Lorenzo de Lugano © Wikimedia Commons
31 décembre 2024 | 11:07
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
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